En 2013, Gattaz, le patron du Medef, arborait fièrement un badge « 1 million d’emplois ». C’était la promesse faite en contrepartie des cadeaux faits aux entreprises par Hollande, notamment le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) . On allait voir ce qu’on allait voir !
Eh bien, on a vu ! D’après un rapport publié le 17 septembre par France Stratégie, un organisme notamment chargé d’évaluer les politiques de l’État, entre 2013 et 2016 le CICE aurait créé ou préservé 100 000 emplois pour un coût de 67 milliards d’euros.
Nous n’allons pas pinailler sur ces 100 000 emplois (certains chercheurEs ont avancé un chiffre plus faible et l’évaluation la plus élevée est de 160 000) mais le calcul est simple : 67 milliards/100 000 = 670 000. Soit un coût de de 670 000 euros par emploi sur quatre ans. Si on divise ces 670 000 euros par quatre (pour les quatre années de 2013 à 2016), on arrive à 167 500 euros par an.
Selon l’INSEE, en 2019 le salaire moyen brut dans le privé était, pour les salariéEs à plein temps, de 2 988 euros, soit 35 856 euros par an.
167 500 cela fait 4,67 fois 35 856 : avec l’argent consacré au CICE l’État aurait pu créer 467 000 emplois au salaire moyen. Cela donne un ordre de grandeur maximum. Au minimum, au SMIC brut, il y aurait eu 906 000 emplois créés.
Les chiffres sont clairs : s’il y avait eu la volonté de créer des emplois et non de soutenir les profits, avec les sommes jetées par la fenêtre du CICE, on aurait pu en créer des centaines de milliers dans les EPAHD, les hôpitaux, les écoles…
Aucune contrepartie n’avait été demandée aux entreprises. Depuis, le CICE n’a cessé d’être versé. Et le gouvernement recommence avec la baisse des « impôts de production » et les aides aux entreprises contenues dans le plan de relance de 100 milliards d’euros présenté par Jean Castex le 3 septembre.
« Quand on aime, on ne compte pas », dit le dicton. Quand on aime les patrons, on ne va donc pas chicaner... Les justifications à produire, c’est bon pour les chômeurEs, pour celles et ceux qui souffrent de maladies qu’ils ont pu attraper au travail, celles et ceux qui touchent le RSA ou l’allocation pour adulte handicapé...
Enfin, l’argent du CICE ne tombe pas du ciel : il est payé en impôt par les ménages et en restriction sur les services publics utiles. Grosso modo, la méthode du gouvernement, c’est de laisser le secteur privé décider des emplois qu’il crée ou ne crée pas avec l’argent ôté aux services publics : il serait évidemment plus utile de développer ces mêmes services publics. Mais pour changer de stratégie, il faudrait s’affronter aux capitalistes.