Publié le Mercredi 11 janvier 2017 à 00h56.

Contre la gauche “primaire” et Macron, une campagne anticapitaliste

À la fin du mois, le 29 janvier, le PS aura son candidat à la présidentielle. Après le quinquennat de Hollande, le parti est en miettes et l’enjeu de cette primaire est simplement de préserver une forme de leadership à gauche... et de voir qui va donner le ton dans le parti.

La primaire du PS et de ses quelques satellites des 22 et 29 janvier avait été taillée sur mesure pour Hollande. Avec les petits arrangements de Cambadélis, cela aurait dû n’être qu’une formalité pour le président, avant une campagne électorale sur le thème de la défense de l’État et de la mise en valeur de son bilan. Mais le renoncement de Hollande et l’impopularité du PS ont un peu compliqué les choses...

Le PS doit, désormais, non seulement trouver un remplaçant pour aller au casse-pipe, mais aussi tenter de recoller ce qui peut l’être parmi des militanEts et des électeurs ­déçus, qui désormais se tournent vers Mélenchon mais aussi vers Macron. Le contexte est d’autant plus improbable que les quatre prétendants sérieux (sur les sept candidats en lice) – Valls, Montebourg, Peillon et Hamon – sont tous d’anciens ministres de Hollande ! Et doivent donc tous apparaître comme ceux qui ne partagent pas son bilan, voire même l’ont combattu !

Il faut que tout change... pour que rien ne change

Valls, qui était encore Premier ministre il y a un peu plus d’un mois, tente coûte que coûte de vendre une « nouvelle » image. L’homme fort de l’aile droite du PS a mis la barre « à gauche » (du moins le temps de la primaire...). Terminé ses déclarations d’amour au patronat  sur le contrat de travail unique, terminé aussi ses diatribes contre les 35 heures ou l’ISF, il affirme haut et fort qu’il « a changé ».

Symbole le plus marquant de ce changement de pied : sa proposition de supprimer l’article 49.3, alors qu’en tant que Premier ministre, il l’a utilisé à six reprises pour faire passer ses lois de casse sociale… On pourrait déjà en rire. Mais encore plus drôle, c’est qu’il a indiqué sur France 2 qu’il avait eu recours au 49.3 « à l’insu de son plein gré » : « On m’a imposé le 49.3 », a-t-il assuré en visant « les frondeurs » et Hollande. Mais désormais, il a « bien compris ce que cela donnait comme sentiment de brutalité »... Certes, un « sentiment de brutalité », tout autant que les forces de l’ordre dans les manifestations contre la loi travail !

Tout comme Peillon, Valls affirme se situer dans la continuité de Hollande, et son slogan de campagne, « Une République forte, une France juste » est sans aucun doute dans la continuité de la politique qu’il a menée au pouvoir.

Des candidats « de gauche » ?

Parmi les principaux candidats, deux se positionnent « à gauche » dans cette primaire et sont soutenus par les prétendus « frondeurs » : Montebourg et Hamon. Mais dans les faits, ils n’ont vraiment rien de gauche, ou si peu.

Ainsi, Montebourg propose une privatisation des HLM et parle d’augmenter les salaires en France... lorsque le patronat européen sera prêt à les augmenter dans toute l’Union européenne ! Quant à Hamon, il propose, entre autres, l’abrogation de la loi travail, une hausse du SMIC et la semaine de 32 heures. Problème : il a accepté et soutenu tout le contraire pendant deux ans, au gouvernement !

Mais de toute façon quel que soit le candidat de la primaire de la Belle alliance populaire qui l’emportera le 29 janvier, ses propositions, même celles qui veulent se donner des allures prétendument radicales (comme le revenu universel de Hamon) ne changeront en rien la situation du monde du travail. Elles risquent même de l’aggraver...

Refuser leurs politiques, imposer les nôtres

La campagne électorale est organisée de manière à nous faire croire que nous devons choisir entre différents représentants de la classe dirigeante ou de leurs amis : le candidat « gauche de droite » du PS, la droite ultra-réactionnaire de Fillon, le banquier Macron, ou le pire, Le Pen... Mais tous sont d’accord sur l’essentiel : poursuivre l’offensive contre la majorité de la population.

Face à cela, nous devons imposer nos revendications. Ils veulent continuer à casser les services publics ? Recrutement d’un million de fonctionnaires ! Ils veulent augmenter le temps de travail ? 32 heures sans perte de salaire, pour travailler toutes et tous. Ils souhaitent faciliter les suppressions d’emplois ? Interdiction des licenciements. Ils veulent instaurer l’état d’urgence permanent ? Arrêt immédiat de l’état d’urgence, désarmement de la police et abrogation de toutes les lois racistes et islamophobes. Ils souhaitent prolonger indéfiniment les centrales nucléaires au mépris de tous les dangers ? Sortie du nucléaire en 10 ans et expropriation des grands groupes de l’énergie. Ils pleurent des larmes de crocodile mais ne font rien pour aider les Kurdes et les Syriens ? Retrait de toutes les troupes françaises et donner des armes pour les combattantEs kurdes et syriens pour la liberté.

Dans les urnes, la candidature de Philippe Poutou sera la meilleure manière de défendre ces idées le plus fort possible, et de faire entendre la voix de la lutte collective et de l’aspiration à une autre société.

Sandra Demarcq