Le congrès du Front national se tient ces 29 et 30 novembre. Drôle de congrès, où il n’y a que 40 minutes de débat en « assemblée générale » et deux heures de tables rondes sur l’écologie, la fraude fiscale, le numérique ou les accords de Schengen sur les frontières européennes...
Le reste n’est constitué que de discours ou rapports des responsables du FN, notamment Jean-Marie Le Pen et sa fille… ou de « repas de gala ». Qu’on ne s’attende donc pas à de grands débats sur la stratégie du FN.
Un parti comme les autres ?L’objectif du congrès du FN est en effet de ne rien changer à la politique actuelle de sa direction, et de masquer les divergences qui existent en interne sur la stratégie du parti. La bataille de 2010 pour la présidence entre Marine Le Pen et Bruno Gollnisch qui s’opposait à la « dédiabolisation », est bien loin. S’appuyant sur les scores aux dernières élections municipales et européennes, la direction autour de Marine Le Pen et Florian Philippot est incontestée.Mais, justement, où en est-on de cette dédiabolisation, et le FN est-il devenu « un parti comme les autres » ? D’un certain point de vue, le FN s’est largement intégré au jeu politique bourgeois. « Tout son état-major (BP, CC) est très majoritairement (pour ne pas dire exclusivement) composé d’avocats, de juristes, de chefs d’entreprise, de hauts fonctionnaires, de conseillers régionaux, d’élus municipaux ou de militaires et policiers (en exercice ou non) » (1). Et, comme d’autres, ses élus municipaux sont au premier plan des affaires de fraude, d’achat de voix, de favoritisme dans les marchés publics…Mais, d’un autre point de vue, nous sommes tout de même en présence d’une gestion différente de celles de la plupart des mairies. Ainsi, Fabien Engelmann (à Hayange en Lorraine) ou Robert Ménard (Béziers, non encarté FN mais très proche) multiplient les agressions contre les syndicalistes et les musulmans et tentent d’encadrer idéologiquement la population : fête du cochon, blouse à l’école, etc. (2)On pourrait être tenté de penser que ce sont les débordements de quelques dingues, si ces préoccupations politiques n’étaient au cœur de l’appareil du FN. Marine Le Pen s’est entourée à la fois de militants partisans de la dédiabolisation, pour donner une image plus consensuelle du parti, allant jusqu’à tolérer le PACS... mais aussi de nazis assumés. Ainsi, le trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen qui recueille les financements, a été récemment attrapé, faisant des saluts nazis à l’occasion de son anniversaire : « Parmi les invités figurent le vieil ami de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, ancien leader du GUD, et Minh Tran Long, ancien de la FANE, un groupuscule violent et ouvertement néonazi dissous dans les années 1980 » (3).
Un danger à combattreS’il n’est pour l’instant pas soutenu par la grande bourgeoisie, par les milieux de « décideurs », le FN est une menace pour le monde du travail et plus généralement pour l’ensemble des classes populaires.Sa démagogie, qui s’oppose dans le discours aux grands patrons et aux « entreprises du CAC 40 qui font des superprofits », est la même que celle utilisés dans les années 30 par les fascistes en Italie et les nazis en Allemagne : faire croire que l’on est du côté du peuple... pour ne rien changer aux fondements même du capitalisme. Marine Le Pen ne dit pas autre chose : « Nous ne remettons pas en cause l’économie de marché, ni les bienfaits de la concurrence si elle est loyale »... Le FN prétend défendre les travailleurs... mais s’attaque aux syndicalistes dans tous les endroits où il a des élus. Il prétend défendre les chômeurs... mais ne propose aucune mesure à part la fermeture des frontières, dans sa classique démagogie raciste.Dans les années 90 et 2000, on avait coutume de dire qu’une course de vitesse était lancée entre l’extrême gauche et l’extrême droite. Aujourd’hui, l’avantage est clairement du côté du FN et de ses petits satellites fascistes. Du fait de la crise économique et de l’incapacité de la gauche à y faire face, ils ont le vent en poupe. Cela ne doit pas nous convaincre que le combat est perdu d’avance mais, à l’inverse, de presser le pas !Pour combattre le FN, il n’y a pas des milliers de solutions. Il faut construire des mobilisations unitaires contre ce parti et ses idées, comme nous le faisons ce samedi 29 novembre à Lyon en manifestant contre la tenue de son congrès, et en constituant des collectifs militants contre le FN. Il faut aussi une riposte d’ensemble du mouvement ouvrier, une mobilisation de masse qui redonne confiance à notre classe sociale, celle des travailleurEs, pour en finir avec ce gouvernement au service du capitalisme, pour construire une autre société.
Antoine Larrache1 –http://tantquillefaudra.org/debats/article/le-fn-aux-portes-du-pouvoir2 – http://npa2009.org/actualite/front-national-les-mairies-senlisent3 – http://www.mediapart.fr/journal/france/241114/le-salut-fasciste-de-largentier-de-marine-le-pen