« Je veux que la France soit une start-up nation. Une nation qui pense et évolue comme une start-up », a déclaré Macron le 15 juin dernier lors du Salon mondial Viva Technology 2017. Avec derrière la « coolitude », un chef tout-puissant ne laissant aucune marge de manœuvre à quiconque...
Le psychodrame autour de la démission du chef d’état-major des armées nous montre que Macron est le chef, lui, et rien que lui. Gare à celui ou ceux qui ne fileraient pas droit… Jupiter certes, mais aussi Brutus !
L’état d’urgence dans le droit commun ?
Macron avait fondé sa campagne présidentielle, et auparavant son opposition à Valls, sur l’idée de son attachement aux libertés publiques et de sa vision libérale des questions de société. Mais ça, c’était avant, et une fois au pouvoir, il s’empresse de faire entrer dans le droit commun l’état d’urgence et toutes les règles d’exception liberticides : perquisitions administratives, assignations à résidence renouvelables à perpétuité, mises en place de zones de sécurité où la police aura des pouvoirs exceptionnels…
Avec cette loi, adoptée récemment par le Sénat par 209 voix contre 106 et qui reviendra devant l’Assemblée en octobre, Macron veut se donner les moyens de pouvoir agir et de maintenir l’ordre de façon musclée. Cela lui permettra de casser toute solidarité, de mater toute résistance... en toute légalité.
Avant même que le texte ne soit voté par le Sénat, il avait été dénoncé par plusieurs organisations, dont Amnesty international France, la Ligue des droits de l’homme ou le Syndicat de la magistrature (SM). À l’appel du DAL et de plusieurs associations, un rassemblement a eu lieu, et un nouvel appel pour cette rentrée est dans les tuyaux… Dans tout les cas, la défense de nos droits collectifs passera dès la rentrée en premier lieu par celle des libertés publiques.
Le président des ultra-riches
Concernant son libéralisme économique, Macron n’aura en tout cas pas menti. Pour notre PDG de la République, une nation « start-up » est une société tournée vers l’entreprise et les ultra-riches. La destruction du Code du travail et des droits des salariéEs (hiérarchie des normes, IRP, compte-pénibilité, licenciements…) est dictée par le Medef qui, d’ores et déjà, s’annonce très satisfait des premiers pas de ce gouvernement. On peut les comprendre... Il suffit désormais que les patrons haussent légèrement le ton pour que Macron accélère la politique en leur faveur : ordonnances, pérennisation du CICE en exonérations de cotisations patronales en 2019, suppression dès 2018 des cotisations maladies et chômage...
Dans ce beau tableau, il ne faudrait pas oublier les trois milliards donnés aux plus riches avec la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune qui sera remplacé par un impôt moindre sur l’immobilier. Mais, c’est promis juré, « la baisse des impôts permettra à tous les Français de bénéficier des efforts réalisés ». Et malgré ces milliards donnés aux plus fortunés, malgré l’attaque faite aux retraitéEs et aux plus modestes avec la hausse de la CSG, ou malgré la baisse des APL, Darmanin a osé affirmer qu’« augmenter l’allocation handicapé et le minimum vieillesse de 100 euros par mois, ce n’est pas une politique pour les riches »... Les cons ça osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît !
Le temps de la confrontation
Mais mauvais coup après mauvais coup, le gouvernement Macron semble fragilisé, en tout cas dans les sondages puisque sa popularité vient de chuter de 10 points. Les conditions de son élection ont aussi montré que son socle électoral est assez étroit : à peine le cinquième des électeurs inscrits au premier tour, et une victoire au second tour pour partie liée à son duel face à Le Pen. Et beaucoup qui espéraient du neuf à travers Macron, s’aperçoivent que ce dernier utilise les mêmes vieilles recettes contre le monde du travail et les plus modestes.
En ce début d’été, les raisons se multiplient pour combattre ce gouvernement et aller à l’affrontement, que l’on soit salariéE du privé ou du public. Pour cela, nous devons en premier lieu nous saisir de la journée de grève et de manifestation du 12 septembre appelée par la CGT mais aussi par Solidaires. Après Hollande, le gouvernement Macron amplifie l’offensive ? Nous devons reprendre le chemin de la mobilisation. Une seule journée ne pourra évidemment pas faire reculer ce gouvernement, mais si elle est réussie, elle pourra être le début d’une mobilisation d’ensemble la plus unitaire possible. Pour cela, il faut mettre fin à l’éparpillement, arrêter que les dates sur tel ou tel sujet se multiplient car c’est autant de divisions. L’urgence est de riposter ensemble, unis.
La période estivale doit nous permettre de reprendre les forces nécessaires pour que dès les premiers jours de rentrée, nous soyons plus que jamais mobilisés, déterminés, pour défendre nos droits et, pourquoi pas, en conquérir de nouveaux.
Joséphine Simplon