Le gouvernement a décidé de frapper vite, et de frapper fort, sur la SNCF, ses salariéEs, mais aussi ses usagerEs. Et il se livre à une véritable opération de diversion en faisant croire que le problème de la SNCF, ce serait le statut des cheminotEs.
Comme si c’était le statut des cheminotEs, et non des choix politiques, qui était responsable de la dette de la SNCF. Comme si c’était le statut des cheminotEs, et non des choix politiques, qui était responsable du prix trop élevé des billets. Comme si c’était le statut des cheminotEs, et non des choix politiques, qui était responsable de la dégradation du service public ferroviaire.
Si les cheminotEs sont remontés, et si un mouvement de grève se prépare, ce n’est pas pour des histoires de « privilèges » ou des intérêts corporatistes. C’est parce qu’ils et elles connaissent les réalités du terrain, et savent que les projets du gouvernement vont détruire encore un peu plus leurs conditions de travail, leur outil de travail et, finalement, le service public ferroviaire, un bien commun, un bien précieux, qui ne devrait pas être soumis aux logiques de concurrence et d’austérité.
Alors oui, c’est vrai que c’est galère quand on est coincé dans un mouvement de grève. Mais, parfois, il faut essayer de s’extraire de ça, et de réfléchir à ce qui nous attend, toutes et tous, pour la suite. Oui, on pourrait se dire : « Moi je vais pas bouger pour les cheminotEs parce que je n’ai rien à voir avec leur statut, je ne vais pas bouger pour les enseignantEs parce qu’ils ont trop de vacances, je ne vais pas bouger pour les chômeurEs parce qu’il y a des abus, les étudiantEs pourraient faire un petit effort avec les 5 euros d’APL, etc. » Mais le jour où on sera à son tour attaqué, il ne faudra pas s’étonner de se retrouver tout seul.
On est touTEs les cheminotEs de quelqu’un d’autre à ce jeu-là. Si en tant que travailleurE, salariéE, chômeurE ou retraitéE, on commence à penser qu’unE autre travailleurE, simplement parce qu’il ou elle a un acquis social qu’on n’a pas, est unE privilégiéE, alors il ne faut pas oublier que tôt ou tard, on va être victime du même genre de discours.
On vit dans un monde où ceux qui gagnent 150 000 euros par mois en exploitant les autres arrivent à convaincre ceux qui vivent avec 1 500 euros que la cause de leurs problèmes, ce sont ceux qui vivent avec 2 000 euros ou avec 500 euros ! Et en haut, ça les fait bien marrer de nous voir nous jalouser des miettes.
Alors il est temps qu’on se regarde, qu’on se reconnaisse, et qu’on relève la tête, ensemble, pour stopper ce gouvernement qui nous écrasera touTes si on n’en finit pas avec le poison de la division.
Olivier Besancenot