Le Canard enchaîné a révélé que Richard Ferrand, ex-député PS soutien de Macron et nouveau ministre, avait employé son fils comme attaché parlementaire pour 8 000 euros brut et aidé les affaires immobilières de sa compagne alors qu’il dirigeait les Mutuelles de Bretagne.
Pour ouvrir un centre de soins à Brest, il a ainsi fait appel à une société immobilière appartenant à sa compagne. Grâce à une promesse de location, cette dernière a pu obtenir un prêt bancaire équivalent à la totalité du prix de ces locaux « en mauvais état ». Outre une rénovation complète des locaux aux frais de la mutuelle – pour 184 000 euros –, la valeur des parts de la SCI « a été multipliée par 3 000 » six ans plus tard. Bref, une bonne opération...
Le porte-parole de La République en marche, Benjamin Griveaux, relativise : « La moralisation de la vie publique concerne l’argent public. Là,c’était de l’argent privé ». Si c’est privé, alors que dire ?
Marielle de Sarnez, elle aussi ministre, à qui un journaliste demandait « Doit-il démissionner ? », a répondu : « C’est son affaire... ». Une solidarité ministérielle plutôt faible de la part de cette amie d’un Bayrou silencieux sur cette affaire... tout occupé qu’il est à préparer sa loi de « moralisation de la vie publique » !
Tout aussi silencieux sur le cas de cette même De Sarnez, soupçonnée par la justice d’emplois fictifs. Elle est visée par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour « abus de confiance », tout comme 18 autres eurodéputés français, cela suite à une dénonciation de l’eurodéputée Front national Sophie Montel. Une petite vengeance du FN mis en accusation, lui, pour un montant de près de cinq millions d’euros...
On apprend aussi au détour de la campagne que la candidate de La République en marche dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis, qui se présente comme une « humanitaire en politique » (!), y a acheté un appartement en 2011 dans un immeuble insalubre classé depuis des années en état de péril imminent, puis a loué son bien – ce qui est en soi illégal – à un prix exorbitant.
La loi sur la moralisation sera bien à l’image de ses auteurs : une pitrerie prétendant poser un voile hypocrite sur la corruption généralisée d’un système où privilèges et sinécures sont le but des luttes politiciennes. Les mêmes qui prêchent l’austérité, et justifient les licenciements, les fermetures d’usines, le chômage et la misère... Leur morale n’a rien à en dire !
Yvan Lemaitre