Le second tour des élections municipales a donc bien eu lieu le 28 juin. Ces élections témoignent d’une crise démocratique sans précédent et, plus que jamais, l’illégitimité du pouvoir.
Selon le ministère de l’Intérieur, l’abstention a atteint 58,4 % lors du second tour d’un des scrutins auxquels les électeurEs sont les plus fidèles, soit près de 4 points de plus qu’au premier tour, le 15 mars, et plus de 20 points de plus qu’au second tour des élections municipales de 2014. Et dans certaines villes comme à Roubaix ou à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, l’abstention a même atteint plus de 77 %, fragilisant ainsi tous les nouveaux éluEs y compris celles et ceux qui clament leur victoire. La faute du Covid ? Du délai entre les deux tours ? Sans doute un peu de ça, mais surtout aussi un système qui est à bout de souffle. En effet, la participation aux élections décline depuis désormais de nombreuses années et la défiance envers les « politiques » jugés hors-sol, envers un système organisé par et pour ceux d’en haut est très grande, en particulier chez les jeunes et les classes populaires.
Illégitimité du parti au pouvoir
La claque est forte pour LREM, et ses alliances avec Les Républicains n’auront pas permis de l’éviter. Le parti au pouvoir a enregistré sans surprise le désastre qui était annoncé avant le scrutin et que le premier tour avait esquissé. À l’exception notable du Havre, LREM a perdu partout, ou presque, comme à Tours, Besançon, Bordeaux, Lyon et surtout à Paris qui fait figure de symbole. En effet, la tête de liste Buzyn a fait moins de 15 %, et ne siégera pas au Conseil de Paris. La ministre Marlène Schiappa, candidate dans le 14e arrondissement, n’en sera pas non plus, pas davantage que Cédric Villani… Le désaveu du pouvoir actuel rejoint la colère contre tout un système et ceux qui le défendent. Les dures semaines de la pandémie qui ont succédé à un mouvement social contre la réforme des retraites, la gestion désastreuse de l’épidémie par ce gouvernement, son mépris toujours vérifié envers les classes populaires… c’est tout ce qui a nourri la sanction contre Macron et ses amis, au premier comme au second tour.
De la poudre de perlimpinpin
Dans ce contexte de crise sociale, sanitaire, économique et démocratique, on assiste à une poussée de l’écologie libérale qui polarise aujourd’hui la gauche institutionnelle. C’est le cas à Lyon, Besançon, Strasbourg ou Tours… Si, au vu notamment de l’ampleur de la crise climatique et des graves menaces qui pèsent sur l’avenir de la planète, les aspirations écologiques sont évidemment légitimes et salutaires, la solution ne viendra toutefois pas de ceux qui, comme EÉLV, ont fait depuis belle lurette une croix sur la transformation de la société, se contentant d’un saupoudrage vert capitalo-compatible. Le PS réussit à gagner plusieurs villes et à en garder d’autres alors qu’il avait été laminé en 2014. Quant au PCF, même s’il a conquis et reconquis des villes précédemment perdues, comme Villejuif ou Bobigny, des « bastions » historiques disparaissent comme Saint-Denis, Aubervilliers, Champigny, Choisy-le-Roi ou encore Arles, Bezons et Gardanne, affaiblissant encore plus son implantation municipale. L’arrivée du Rassemblement national à la tête de la mairie de Perpignan, une ville de plus de 100 000 habitantEs, montre que la crise actuelle peut aussi accoucher du pire. Si le RN maintient une implantation certaine (la majorité de ses sortants ont été réélus dès le 1er tour), il a globalement échoué à élargir son implantation et a même enregistré plusieurs défaites et perdu de nombreux conseillers municipaux.
Après ce scrutin l’heure est plus que jamais à la mobilisation générale : pour en finir avec ce système, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces. La résignation n’est pas de mise contre Macron et ses amis capitalistes, dont l’illégitimité est confirmée, et plus globalement contre la violence de tout un système qui nous précipite chaque jour un peu plus vers la catastrophe sociale et écologique.