«Surveiller et punir », ainsi pourrions-nous résumer les annonces gouvernementales de la semaine. Surveiller et punir qui ? Les pauvres, bien évidemment ! Forcément suspectés d’être des fraudeurs. Les riches n’ont, eux, pas besoin d’être surveillés : l’évasion fiscale, les dividendes records, les inégalités… tout cela est normal dans le monde capitaliste !
Tellement normal que les préjugés anti-pauvres envahissent le système anti-fraude informatique de la Caisse nationale d’allocations familiales. Ainsi, le Monde révélait début décembre que depuis 2010 la CNAF notait ses usagerEs, selon un modèle discriminatoire, pour prioriser les allocataires à contrôler. La recherche des erreurs de déclaration et des fraudes repose sur des données à partir desquelles sont établis des « scores de risques ». Selon Bruno Rakedjian, coordinateur national d’ATD Quart Monde, « le résultat est clairement que l’algorithme cible les plus pauvres ». Ce dont la CNAF se défend en assurant n’opérer que sur des fondements statistiques, qui la conduisent à contrôler davantage les parents isolés : des femmes, dans plus de huit cas sur dix !
De l’erreur à la fraude, l’industrialisation et la concentration des moyens sur la technologie et l’informatique ont contribué à renforcer « l’idéologie antipauvres » qui « finit par conduire à une dégradation générale de la qualité du service public », selon Thomas Piketty. À moins que la dégradation voulue des services publics pour la marchandisation et la privatisation n’oblige à surveiller et punir les excluEs du système… qu’il faut bien exclure pour qu’il y ait des riches !
Tellement normal que les annonces d’Aurore Bergé à propos du Plan parentalité vont dans ce sens : punir les « parents défaillants » par des travaux d’intérêts généraux, parmi lesquels on trouve d’abord de nombreuses familles monoparentales dont la charge revient en majorité aux femmes.
La chasse aux pauvres et aux familles monoparentales se double pour la ministre d’« un enjeu d’autorité à restaurer » et d’un appel tout réactionnaire aux pères ! Une réponse autoritaire, antisociale et antiféministe… contre laquelle on continue et on continuera de se battre !