Racket, fraude électorale, règlements de comptes sanglants, tentative d’homicide… À Corbeil-Essonnes (91), il ne s’agit pas de petits bandits protégés par des politiques de deuxième zone. Ici, au centre d’un système visiblement mafieux se trouve Serge Dassault, cinquième fortune de France (13 milliards d’euros).
Dassault : sénateur, ami des ministres… et protégé au plus haut niveau par le bureau du Sénat qui vient de voter contre la levée de son immunité parlementaire ! Maire de la ville de 1995 à 2009, il a été obligé de céder sa place à son bras droit, Jean-Pierre Bechter, lorsque le Conseil d’État a invalidé l’élection de 2008 pour achat de voix… Mais la corruption continue.Pour acheter la paix dans certains quartiers ainsi que des voix lors des élections, Dassault aurait arrosé une série de jeunes pour 1,7 million d’euros. Cette somme aurait transité par un certain Younès B. qui n’aurait pas fait suivre tout l’argent. Pas contents, deux jeunes se plaignent auprès de Dassault et dans un enregistrement tourné clandestinement et remis à Mediapart, on entend Dassault leur confirmer la somme donnée et que si Younès n’a pas tout réparti, « Démerdez-vous avec lui ! » Finalement, c’est Younès qui se « démerdera » avec eux trois mois plus tard en leur tirant dessus, blessant l’un d’entre eux de trois balles. D’après les écoutes téléphoniques de la police, Younès aurait ensuite été conseillé par la mairie dans sa fuite en Algérie, avant d’être rattrapé, une des multiples histoires incroyables de cette affaire…
Justice à deux vitessesLe maire Bechter a déjà été mis en garde à vue et entendu dans cette affaire. Les juges auraient souhaité également entendre Dassault. Cela n’a pas été possible, car en juillet 2013 le bureau du Sénat a rejeté une première fois la levée de son immunité parlementaire. Il vient de nouveau de se prononcer contre dans un vote à bulletin secret. Les sénateurs de gauche (PCF, PS, EÉLV et PRG) ont la majorité dans ce bureau. Tous affirment avoir voté pour, mais il y en a au moins un qui ment. Pourquoi ? Une histoire de renvoi d’ascenseur ? Une menace ? Une promesse de subvention, de contrat pour leur ville ? Ont-ils simplement été achetés ? Quelqu’un qui le connaît bien a affirmé récemment que Dassault a grandi avec l’idée que, comme son père Marcel, il pouvait acheter tout et tout le monde mais qu’il commençait à perdre pied avec la réalité.Combien de temps encore avant que la colère explose et fasse non seulement que ce type perde pied mais qu’il coule complètement et tout le système pourri qu’il symbolise avec ?
Ross Harrold