Publié le Mercredi 1 octobre 2025 à 09h00.

Président condamné, médias paniqués

Il a pris cinq piges. Sarko a pris du ferme. Pour « association de malfaiteurs » afin « d’organiser une corruption au plus haut niveau possible une fois élu ». Les réactions dans les principaux organes de presse illustrent à quel point les intérêts politiques, économiques et médiatiques sont entremêlés. Dans une société capitaliste, le droit est conçu comme un instrument de domination et son autonomie relative choque lorsqu’elle s’exprime.

Ont ainsi défilé sur les plateaux la famille, des proches, des ex, des collaborateurs, des éditorialistes, des politicienNEs… tous ceux et toutes celles qui étaient disponibles pour s’indigner de cette condamnation. Tout ce monde reprend les éléments de langage du condamné : « toutes les limites de l’État de droit ont été violées », « judiciarisation de la politique », « haine des juges », « humiliation infligée à la France »… Il faut mesurer où nous en sommes dans la négation des réalités les plus simples, dans la remise en cause de la séparation des pouvoirs, dans les attaques contre la presse indépendante, dans les menaces de meurtre contre les juges.

Ce processus relève de la fascisation. Un des angles de cette offensive, c’est la présentation du vote populaire majoritaire comme forme unique de la légitimité démocratique. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’argument paradoxal selon lequel la justice ne devrait pas condamner un ancien président élu au suffrage universel direct. Cette petite musique monte de plus en plus à droite : la Constitution serait un verrou à la mise en œuvre de la volonté populaire — comprise sous sa modalité plébiscitaire.

Cette démocratie n’est pas la nôtre. La crise gouvernementale et parlementaire continue rend plus que jamais manifeste qu’il faut changer de régime. Mais nous devons avoir conscience que, dans un contexte idéologique très dégradé, le pourrissement institutionnel organisé nourrit d’abord des réponses autoritaires. D’où l’importance de porter une alternative radicale, qui place en son cœur les droits matériels et politiques des oppriméEs et des exploitéEs.