Publié le Mercredi 11 avril 2012 à 16h44.

De la sympathie au vote....

L’abstention risque encore une fois d’être importante cette année, en raison de la méfiance des couches populaires envers les discours politiciens habituels. D’où l’importance du discours de Philippe.La campagne électorale s’éternise sans susciter ni passion ni intérêt voire, pour beaucoup, dans l’indifférence au point que l’abstention s’annonce record pour une élection présidentielle. La grande majorité des électeurs, quel que soit leur vote, ont conscience que, président de gauche ou de droite, les banques et les rentiers de la finance continueront de dicter à l’État sa politique. Les élections passées, il est très probable qu’aura lieu ce que certains ont appelé « le troisième tour financier », une vague de spéculations sur la dette française pour imposer au gouvernement, quel qu’il soit, une politique d’austérité, une offensive contre les travailleurs pour accroître ou préserver les profits rognés par la récession que cette même politique a engendrée...

Sarkozy fait le pari qu’il pourra gagner en assumant par avance les contraintes des marchés pour poser en champion de la rigueur et accuser Hollande d’irresponsabilité et de faiblesse. Accusation devant lesquelles Hollande se justifie platement au point qu’il devient encore plus évident qu’il n’y a, quant au fond, pas de différence entre la politique de l’un ou de l’autre. Et Sarkozy drague les électeurs du FN par sa démagogie raciste et antisyndicale tout en faisant du pied à Bayrou, tandis que Hollande drague les électeurs du centre tout en faisant du pied à Mélenchon dont le succès contrecarre ses projets... Chacun invoque le vote utile ! Ces calculs politiciens pour, au final, une politique semblable lassent les électeurs d’une campagne bien loin des préoccupations du monde du travail, des classes populaires.

Si la majorité de l’opinion veut en finir avec ces dix années de Chirac et Sarkozy qui ont vu les inégalités se creuser comme jamais, beaucoup sont désorientés par une campagne qui ignore les vraies questions et n’apporte aucune réponse à la crise. Ils sont inquiets face à la dégradation des conditions de vie et de travail, plus généralement face à une crise dont les principaux candidats ne parlent que pour alimenter les peurs et les craintes, poser aux protecteurs des faibles et des pauvres. Cette hypocrisie dans ce concours électoraliste du meilleur candidat du peuple tourne à la farce cynique. Ce que souhaitent les classes populaires c’est une réponse, les moyens d’en sortir, une issue politique.

C’est là que la candidature de Philippe Poutou prend tout son sens, pas seulement pour témoigner de la violence de la crise, pas seulement pour dénoncer, mais pour ouvrir une perspective politique pour sortir de la crise, le nécessaire changement de société.

Nous avons réussi à surmonter les obstacles comme les pressions politiques qui voulaient nous faire taire. Philippe a conquis sa place dans cette campagne, en imposant le respect à tous ceux pour qui « un ouvrier ça doit fermer sa gueule »... Les commentateurs qui veulent l’opposer à Olivier Besancenot en sont pour leurs frais. C’est ensemble qu’ils font campagne, une campagne collective, sans tribun ni sauveur suprême. Ce simple fait est, pour les exploités, les opprimés, leur propre succès, un encouragement à disputer aux politiciens professionnels la tribune politique. Sa ténacité dans cette bataille, ô combien inégale, est un geste de dignité, une leçon pour beaucoup, qui vaut à Philippe une large sympathie. L’enjeu des jours qui viennent est de convaincre que cette sympathie doit oser s’affirmer politiquement. Nous connaissons la pression du vote dit utile au moment, où, en cette période de crise, chacun cherche des solutions à court terme, immédiates. Mais il n’y en a pas hors de l’intervention directe des travailleurs et de la population.

C’est bien pourquoi le geste qui prépare au mieux l’avenir, c’est le vote pour Philippe.

Yvan Lemaitre