Publié le Mardi 19 novembre 2024 à 12h00.

De quoi Barnier est-il le nom ?

La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier témoigne de l’impossibilité pour Macron d’aller plus en avant dans ses réformes libérales. Les mobilisations qu’il a affrontées sans céder (des Gilets jaunes jusqu’à la réforme des retraites, en passant par les révoltes des quartiers populaires et les blocages des agriculteurs) combinées au déplacement vers la droite et l’extrême droite du champ politique, entrainent un épuisement de son appareil politique et l’ont contraint à en trouver un nouveau pour maintenir son cap.

La politique de Macron a été battue par les résultats des élections européennes. Dans une séquence où la gauche était très divisée et donc inoffensive, Il a tenté de rejouer la diabolisation des extrêmes pour se faire élire sur la base d’un très fragile front républicain libéral-conservateur, ce qui aurait pu aboutir à donner les clés du pouvoir au RN. Le passage par le vote est une tentative démagogique de rebattre les cartes et d’essayer de tirer son épingle dans un jeu dangereux. Cela n’avait pas marché pour Chirac, c’est un échec total pour Macron. Cependant, les mobilisations de 1995-1997 ont renforcé la gauche et elles ont favorisé la victoire de la Gauche plurielle. Au contraire, depuis 2017, nous disputons l’hégémonie de certaines luttes à l’extrême droite. 

La situation internationale est alarmante. L’absence de prise en compte de la crise écologique a tué en Europe de l’Est et dans l’État espagnol ; l’élection de Donald Trump annonce un avenir désastreux en Ukraine et en Palestine, où le génocide fait rage (lire l’intervention de Néva Laprevisti p. 36). Face à l’inflation et aux multiples crises, la classe dirigeante veut maintenir ses profits, en se gavant d’argent public et en licenciant à tours de bras. Les cliquets institutionnels de la 5e République permettent de mettre en selle un gouvernement de combat, qui peut se permettre d’aller plus loin que le gouvernement Attal, par des attaques frontales contre les fonctionnaires, la Sécurité sociale, les chômeurs et qui renforce les violences contre les femmes (lire l’article d’Aurélie-Anne Thos, p. 4) et les migrants.

 

Reprendre l’offensive, construire les luttes

Nous menons la lutte sur deux terrains. D’une part, la lutte contre le gouvernement et le patronat, en défense des emplois, tout en gardant en tête les indispensables transformations de la production pour répondre à la crise écologique. D’autre part, la lutte pour l’hégémonie du prolétariat dans les luttes sociales qui s’annoncent, pour lesquelles l’intransigeance antiraciste est un élément clé et dont la construction passe par une connaissance de l’histoire coloniale de la France (lire l’interview d’Alain Ruscio sur la première guerre d’Algérie, p. 26). Nos réponses sont entièrement opposées à celles de l’extrême droite. C’est pourquoi nous continuons à construire des fronts uniques de lutte. Nous restons convaincus que le Nouveau front populaire est un outil qui permet de regrouper les partis politiques, les syndicats, les associations et les individus. Nous accueillons dans ce numéro le Centre d’études marxistes (lire leur présentation p. 31) pour nous aider à comprendre les enjeux politiques du Front populaire de 1936 (articles d’Olivier Besancenot et François Sabado pp. 30-35).

La construction d'un front unique ouvrier nous semble indispensable pour gagner non seulement sur le fond mais également pour gagner l’hégémonie dans la classe, contre l’extrême droite. C’est pourquoi nous nous investissons dans toutes les mobilisations, notamment celles à venir contre les licenciements et en défense des services publics.

 

Construire un parti anticapitaliste

Pour en finir avec le capitalisme, quels que soient les détours tactiques, il nous faut un parti (article de Fabienne Dolet et Édouard Soulier p. 6), qui soit utile pour les luttes (article d’Elsa Collonges et Thomas Rid, p. 8). Dans le cadre de la Rencontre nationale des comités du NPA en décembre 2024, nous avons souhaité dans ce numéro préciser les contours de notre parti. Nous voulons aider à la reconstruction de la conscience de classe (article d’Antoine Larrache, Hélène Marra et Nicolas Menna, p. 11) et garder une ligne de défense inconditionnelle des intérêts de notre classe (article de Léon Crémieux, qui revient sur le parti bolchévique en 1917, p. 21). Le parti que nous voulons doit être féministe (article de la Commission nationale d’intervention féministe, p. 19) et se placer aux côtés de la jeunesse (article des Jeunesses anticapitalistes, p. 32). Enfin, nous voulons nous construire au sein de la classe ouvrière (article de Sally Brina, p. 17). Ce sont autant d’éléments qu’il nous paraît important de discuter au sein du NPA, ainsi qu’avec les organisations de la gauche de rupture dans les mois qui viennent.