Publié le Vendredi 22 juin 2012 à 08h50.

Défaite et recomposition annoncée de la droite

La droite s’est pris une grosse claque aux législatives. La plupart des candidats de la droite dite « populaire », celle qui chasse le plus effrontément sur les terres de l’extrême droite, sont battus. Figurent aussi au palmarès des vaincus Guéant et Morano. La mine déconfite de ces deux anciens ministres piliers de l’ère sarkozyste faisait bien plaisir à voir dimanche soir ! Au total, l’UMP perd une centaine de députés. Autant de politiciens mis au régime sec, pour lesquels il va devenir urgent de retrouver une place dans le jeu institutionnel. Le glas de la défaite avait à peine sonné que les querelles internes et la lutte pour le leadership au sein de la droite se sont exprimées sans fard. Copé, Fillon, Juppé sont sur les rangs... mais le parti bâti autour du pouvoir de Chirac puis de Sarkozy a sans doute vécu. La pression de l’extrême droite est de plus en plus forte. Certes, Marine Le Pen n’est pas élue députée, et c’est tant mieux, mais c’est elle qui a mené le jeu à Hénin-Beaumont, et c’est son parti qui a joué les donneurs d’ordres idéologiques au sein de l’UMP. Que Morano soit tombée si grossièrement dans le piège de l’humoriste Dahan n’est pas un hasard : quand on donne une interview à Minute, il n’y a plus de retenue. Les digues sont rompues entre une partie de la droite et l’extrême droite. La droite a perdu toutes les élections depuis cinq ans et le chantier de la création d’une droite populiste est ouvert, même si certains, comme Copé, tenteront de jouer la continuité de l’UMP face au FN.Succès électoraux pour l’extrême droiteC’est le mode de scrutin qui empêche l’arrivée massive de députés FN à l’Assemblée. Partout où le FN était face à un candidat de gauche, il a progressé en voix par rapport au premier tour, signe évident que pour l’électorat de droite, la préférence est nette. Il y aura donc trois députés d’extrême droite, reflétant les multiples visages de la nébuleuse fascisante. L’élection la plus symbolique est celle de Marion Maréchal-Le Pen, pur produit du sérail familial frontiste. Envoyée par son grand-père à Carpentras comme sur une terre de mission, elle a déclaré : « Tant mieux si le fait que je sois jeune et une femme permet aux gens d’entendre plus facilement notre message ». L’avocat Gilbert Collard, qui a mangé à tous les râteliers avant de s’acoquiner avec Marine Le Pen, joue la carte du populisme, de la démagogie contre les élites. Quant au troisième larron, le maire d’Orange Jacques Bompard, il milite à l’extrême droite depuis son adolescence (Occident, Ordre nouveau, FN puis Ligue du Sud, mouvement calqué sur la Ligue du Nord italienne).Combattre l’emprise du FN dans les milieux populairesLe danger que représente cette poussée électorale du FN est, dans l’immédiat, que celui-ci accroisse son emprise dans les milieux populaires. Les prétentions de l’extrême droite à représenter les intérêts du monde du travail doivent être démontées et réfutées, par la propagande et l’agitation quotidiennes, menées par toutes les organisations du mouvement ouvrier. Et pour les anticapitalistes, il s’agit aussi de proposer une politique offensive à notre camp social, qui se traduise par des luttes et des succès sur ce terrain, afin que puisse clairement apparaître qui est véritablement du côté des opprimés et qui ne l’est pas. 

Marie-Hélène Duverger