Publié le Mardi 24 juillet 2018 à 14h37.

Deux ans après : justice et vérité pour Adama Traoré !

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré était tué par des gendarmes, le jour de ses 24 ans, dans les bâtiments de la gendarmerie de Persan, dans le Val d’Oise. Deux ans plus tard, le 21 juillet, une manifestation a réuni plusieurs milliers de personnes pour réclamer justice et vérité pour Adama, et pour toutes les victimes de violences policières.

« On n’a plus confiance dans la justice, la juge a tous les éléments pour inculper les gendarmes et on attend encore, on reste mobilisés. » Ainsi s’est exprimée Assa Traoré, la sœur d’Adama, lors de la conférence de presse qui a précédé la manifestation. L’occasion de souligner que, deux ans après la mort de son frère, l’enquête est au point mort, énième signe de l’existence d’une justice à deux vitesses, toujours plus prompte à condamner les jeunes des quartiers et les militantEs que les flics coupables de violences, y compris lorsqu’elles entraînent la mort. 

Colère et soif de justice

Deux ans après, ce ne sont pas les gendarmes qui ont été inquiétés, mais la famille Traoré, victime d’un véritable harcèlement, puisque cinq des frères d’Assa et Adama ont fait l’objet de poursuites judiciaires et de condamnations. Un deux poids deux mesures qui contribue à entretenir la colère et la soif de justice de la famille Traoré, de leurs proches et de leurs soutiens, qui ont eu l’occasion de le dire haut et fort lors de la manifestation du 21 juillet, partie de la gare de Persan-Beaumont pour rejoindre la cité où résident les Traoré, avec une halte hautement symbolique devant la gendarmerie de Persan – le lieu du crime. 

De nombreux responsables politiques étaient présents, d’Alexis Corbières (FI) à Benoît Hamon (Génération.s) en passant par David Cormand (EÉLV), Elsa Faucillon (PCF) ou Danièle Obono (FI). Également dans la manifestation, François Ruffin, décidément pas à une contradiction près. Car si l’on ne peut que se réjouir de sa présence à Beaumont-sur-Oise, difficile d’oublier qu’il déclarait, quelques jours plus tôt sur BFM-TV à propos de l’affaire Benalla : « On parle de quelqu’un qui s’est mis à porter un brassard de la police, qui ne s’est pas pris pour la police car la police ne se comporte pas comme ça, et qui s’est mis à frapper un manifestant à terre. »

Les violences policières : un système

Or c’est précisément parce que « la police se comporte comme ça » que l’enquête n’avance pas, et que ce sont les Traoré qui font l’objet de harcèlement. L’institution policière, aidée par l’institution judiciaire, protège les flics qui commettent des violences, et ce n’est pas nouveau. La mort d’Adama n’est pas un incident isolé, mais un cas emblématique des tragédies que génère un système au sein duquel les flics se sentent autorisés à toutes les violences, persuadés d’être dans leur bon droit vis-à-vis de populations considérées comme des citoyenEs de deuxième ou de troisième zone, et convaincus – à juste titre – qu’ils seront couverts par leur hiérarchie. 

Les nombreuses interventions de familles de victimes de violences policières, lors des prises de parole de fin de manifestation, l’ont confirmé : les prétendues « bavures » font système, et seul le combat acharné des familles et des proches peut permettre, dans certains cas, de mettre à mal la version policière et d’ouvrir la voie à l’établissement de la justice et de la vérité. C’est pour soutenir ce(s) combat(s) que le NPA était présent à la manifestation du 21 juillet, avec entre autres notre camarade Philippe Poutou : en soutien à la famille Traoré et à toutes les familles de victimes de violences policières, contre les mensonges et les manipulations de l’institution, pour en finir avec les discriminations et les crimes de l’État policier. 

Correspondant