Publié le Mardi 23 février 2021 à 16h40.

Dissolution de Génération identitaire : contre l’extrême droite, Darmanin ne sera jamais un allié

Samedi 20 février, environ 500 personnes se sont retrouvées à Paris, place Denfert-Rochereau, à l’appel de Génération identitaire, menacée de dissolution. Un rassemblement autorisé par la préfecture, qui a en revanche fait le choix d’interdire de fait le contre-rassemblement antifasciste. Tout un symbole, et l’occasion de revenir sur l’opération de com’ de Gérald Darmanin, qui ne servira nullement à lutter contre l’extrême droite et ses idées.

Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant : contrairement à ce que prétendent ses membres et ses défenseurs dans les médias, qu’ils soient éditorialistes, journalistes d’extrême droite ou pseudo-intellectuels, Génération identitaire (GI) n’est rien d’autre qu’un groupuscule fasciste, raciste, sexiste, homophobe et violent. Il suffit pour s’en convaincre de s’intéresser à leurs « actions » et/ou de consulter leurs productions écrites.

« Kebabs, voiles et mosquées nont rien à faire ici »

« En traversant certains quartiers, tu ne reconnais plus ton pays. Lislamisation gomme notre identité et au fond de toi, tu bous, tu ne le supportes pas. Kebabs, voiles et mosquées nont rien à faire ici. Tu le sens bien, cest ta conviction profonde, inébranlable : chacun chez soi ! » Cet extrait du « pacte » de Génération identitaire, sorte de profession de foi disponible sur leur site internet, est éloquent. Il s’accompagne d’un projet politique articulé, entre autres, autour de la défense d’une « identité » blanche et chrétienne face à « l’invasion migratoire », de la perspective de la « remigration » (l’expulsion de l’ensemble des étrangers et des nationaux « de papier ») et d’un refus de toute société multiculturelle, assimilée au « chaos » et à « la guerre au coin de la rue ».

Des partisans d’une pureté nationale/européenne donc, en outre violemment hostiles aux droits des femmes et des LGBT, qui doublent leurs discours d’actions « de terrain », à vocation médiatique, en premier lieu contre les migrantEs, mais aussi contre les mouvements antiracistes. Ces opérations « grand public » dissimulent mal les autres actions de militants de GI, qui ont multiplié, au cours des dernières années, les attaques contre des locaux et des militantEs antiracistes et antifascistes, mais aussi contre des passantEs pas assez « gaulois » aux yeux de ces néo-nazis.

Contre les fascistes, en toute indépendance

À l’instar des autres organisations d’extrême droite, GI est un poison pour notre camp social et pour toutes celles et tous ceux qui luttent pour l’émancipation individuelle et collective, les véritables ennemis des néofascistes. À ce titre, nous n’avons aucune illusion quant à l’opération « dissolution » initiée par Darmanin, qui s’inscrit dans un dangereux plan de com’ visant à faire de l’extrême droite le seul adversaire de Macron tout en reprenant à son compte ses sujets de prédilection. Les motifs de dissolution invoqués par le ministère de l’Intérieur pourraient ainsi faire sourire si la situation n’était pas aussi grave, puisque Darmanin, principal promoteur de la loi « séparatisme », reproche à GI « une idéologie incitant à la discrimination », le fait que le groupe « cherche à attiser le ressentiment dune partie de la population à l’encontre des étrangers » ou qu’il pratique « [l’]amalgame entre la religion musulmane et l’idéologie islamiste »… No comment.

Aucune confiance donc dans une procédure initiée par un ministre et un pouvoir racistes et autoritaires, qui espèrent sortir renforcés de cette manœuvre, et dont on sait par ailleurs qu’ils n’hésiteraient pas — comme ils l’ont fait avec le CCIF — à recourir aux mêmes procédés contre des organisations progressistes ou de la gauche radicale, y compris la nôtre. Nous partageons en outre le point de vue de nos camarades de la Horde lorsqu’ils écrivent qu’une dissolution pourrait « redynamiser le mouvement en lui donnant à peu de frais une image de martyr et de rebelle ». La lutte contre les extrêmes droites est d’une actualité brûlante, mais l’État et le gouvernement ne seront jamais des alliés pour un tel combat, qui doit être celui de tous les antifascistes, de l’ensemble du mouvement social et de la gauche radicale et révolutionnaire.

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À lire, sur notre site : Génération identitaire, une « centrale idéologique » consanguine et violente

Voir également le communiqué publié suite à la répression du contre-rassemblement de samedi 21 février