Nathalie Loiseau, tête de liste macronienne aux élections européennes, s’est rendue les 14 et 15 avril à la Réunion. Son job est de vendre le bilan présidentiel et la campagne supposée opposer « progressistes » et « populistes ». Sauf que le progressisme en question semble être de noir vêtu, à l’instar des curés de la première moitié du 20e siècle. Qu’on en juge : le programme officiel de la visite en question indiquait que Mme Loiseau assisterait le 14 avril à la messe des Rameaux à l’église du Saint-Esprit et que cet évènement sera ouvert à la presse ! Que l’ancienne ministre se rende à une messe ne regarde qu’elle… à condition qu’elle ne convie pas les caméras !
Devant le tollé déchainé par son initiative, Nathalie Loiseau a dit qu’il s’agissait d’une « erreur humaine » de son entourage. Peut-être, mais en tout cas erreur significative.
Lors de son voyage officiel au Vatican, Emmanuel Macron avait reçu le titre de chanoine de la Basilique Saint-Jean-de-Latran au Vatican : un titre honorifique, qui revient à chaque président français. Pourtant, tous n’ont pas voulu le recevoir : Georges Pompidou, François Mitterrand et François Hollande avaient ainsi refusé de se prêter à la cérémonie.
L’instrumentalisation du catholicisme est une illustration supplémentaire de la volonté de ce pouvoir de braconner sur le terrain de la droite traditionnelle. Elle est complémentaire de l’autoritarisme policier et judiciaire. La modernité macronienne du début s’est vite estompée.
Et cela reprend le fil d’une vieille histoire : « Nous allons être gouvernés/Par des mouchards et des gendarmes/Des sabre-peuple et des curés » dit le chant composé par Jean-Baptiste Clément en juin 1871 après la Commune de Paris, qui s’achevait par la question essentielle : « À quand enfin la République/De la Justice et du Travail ? »
HW