Ces dernier temps, Alain Juppé a voulu faire entendre sa différence contre son principal adversaire, Nicolas Sarkozy, dans le cadre de la compétition les opposant comme candidats de la droite à l’élection présidentielle de 2017...
Certes le style est différent : face à la harangue de Sarkozy, Juppé argumente calmement. L’ambition de conquête du pouvoir reste pourtant la même : alors que Sarkozy explique qu’il n’y aura qu’un seul candidat et que ce sera lui, Juppé se présente comme le seul candidat du rassemblement !
Deux hommes, un seul projet
Sur le fond politique, il nous explique tranquillement... la même chose que l’ancien président de la République, parce que le projet global est bien évidemment le même : être au service de la lutte de classes, côté patrons ! Du coup, leurs « réformes structurelles » se ressemblent tout à fait.
D’une part, ils veulent toujours plus de cadeaux pour les plus riches : supprimer l’ISF pour permettre la compétitivité, le profit et susciter éventuellement l’investissement dans les entreprises, donner aux patrons la liberté de la durée du travail dans chaque entreprise, « car il faut briser le carcan des 35 heures », augmenter les facilités pour licencier... D’autre part, ils veulent tous deux réduire les dépenses publiques, et dans ce cadre Juppé propose 100 milliards d’euros d’économies, ce qui passerait notamment par le recul du départ à la retraite à 65 ans, la suppression des régimes spéciaux de retraite, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux... Et « si les enseignants veulent gagner plus ils devront travailler plus » ! Sans parler de la réduction des aides aux chômeurs pour « qu’ils ne gagnent pas plus en ne faisant rien qu’en travaillant », l’encadrement drastique de l’aide médicale gratuite pour lutter contre la fraude car il y a trop « d’étrangers qui viennent se faire soigner en France »...
Sinon, Juppé nous exhorte à l’optimisme car la France est un pays de jeunes et qu’avec ses « propositions de cadrage », elle va se remettre en marche ! Cynisme ?
La continuité... de la politique du gouvernement
Si Juppé conteste Hollande et son gouvernement, c’est surtout parce que cela ne va pas assez vite et donc ne produit ni la croissance attendue ni le renforcement de la compétitivité des entreprises. Mais il ne remet pas en cause l’orientation du gouvernement socialiste : pour lui, ses réformes vont dans le bon sens, celui du développement de la toute-puissance des patrons contre les salariéEs. Jusqu’à la baisse la plus drastique possible du prix de la force du travail.
Ainsi, la loi Macron, en affaiblissant les droits des travailleurs, en fragilisant les contrats de travail, en augmentant le nombre de dimanches travaillés est une loi générale qui permettra à la droite, si elle gagne la présidentielle, de s’y engouffrer et d’approfondir la lutte contre le monde du travail. Et la loi renseignement qui légalise et étend les pratiques de barbouzes pour écouter et surveiller la population à grande échelle, complète le dispositif. Au fond, ce dont rêve Juppé, Hollande le réalise en partie dès aujourd’hui.
Qu’ils soient de gauche ou de droite, ceux qui aspirent à gouverner n’ont qu’une seule idée : faire gagner leur camp, celui des plus riches, quel que soit le coût à payer pour tous les autres. Nous devons être aussi déterminés qu’eux pour prendre nos intérêts en main. Cela passe par le rassemblement à la fois patient et offensif de notre camp dans les luttes sociales et politiques.
Roseline Vachetta