Des malades privés d’accès aux soins depuis des mois, faute de médecin, au centre de détention de Joux-la-Ville (89). Des centaines de détenuEs qui dorment sur des matelas par terre. Des cafards, des rats, des conditions d’incarcération indignes, une surpopulation carcérale qui explose, avec deux, trois, quatre détenuEs entasséEs dans 9 m². Des dizaines de suicides, 157 en 2023. Il ne manquerait pas d’occasions pour la presse de parler de la prison. C’est très rarement le cas, sauf ce mardi 21 octobre 2025.
Nicolas Sarkozy a donc passé la porte de la détention de la Maison d’arrêt de la Santé, une première pour un ancien président de la République. À en croire ses soutiens, c’est un innocent qui est jeté en prison. Un capitaine Dreyfus de notre époque, victime du « gouvernement des juges » et de Mediapart.
L’espace médiatique est saturé par les meilleurs serviteurs de l’idéologie dominante, personnalités du monde politique et des médias, qui viennent au secours du meilleur d’entre eux.
Sarkozy est l’incarnation sans égal de la pourriture du personnel politique de la bourgeoisie. C’est ce qui explique que Darmanin, pourtant Garde des Sceaux, et même le président de cette République moribonde, foulent aux pieds les principes de séparation des pouvoirs qu’ils sont censés défendre : le premier promet d’aller visiter Sarkozy au parloir, le second l’a reçu à l’Élysée avant son incarcération.
Les faits sont pourtant têtus : c’est bien la troisième condamnation pour Sarkozy, pour corruption dans l’affaire Bismuth, pour financement illicite de campagne électorale dans l’affaire Bygmalion, et donc désormais pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen.
C’est peut-être l’affaire la plus grave et la plus choquante concernant Sarkozy, quand on se rappelle qu’il a envoyé ses collaborateurs négocier des valises de billets avec le responsable direct de l’attentat contre le DC-10 de la compagnie UTA, qui avait fait 170 morts en 1989.
Il n’y a donc pas particulièrement lieu de plaindre Sarkozy, et à quelques jours de la commémoration de la révolte de 2005, nos pensées vont plutôt aux familles de Zyed et Bouna, morts à 17 et 15 ans parce que poursuivis par la police.