Publié le Jeudi 8 octobre 2015 à 07h22.

Droite : Entre Medef et FN, toujours plus loin !

Pour tenter d’infliger, dès son retour au pouvoir, une défaite majeure à notre classe, la droite affûte ses armes : suppression de notre « modèle social », haro sur les étrangers, renforcement de l’ordre et de la sécurité... Et devant la nécessité de se créer un espace entre la gauche de droite au pouvoir et l’extrême droite, elle n’hésite pas à faire des propositions réactionnaires, s’appropriant même certains thèmes récurrents du FN.

Les 35 heures à la poubelle

Ils utilisent des mots différents mais ils disent pareil...

Pour Sarkozy, c’est clair : « il faut refermer la parenthèse des 35 heures »... tandis que pour Juppé « c’est fini, il faut arrêter les combats du dernier siècle ». Côté salariés, « travailler plus » avec le retour aux 39 heures, côté patrons « gagner plus » grâce à un nouvel allègement de cotisations.

De plus, tous vont pouvoir enfin s’affranchir et de la loi et des syndicats. En effet, les accords dans l’entreprise pour l’augmentation du temps de travail seront privilégiés et prépondérants sur la loi actuelle. Et si les syndicats refusent tout accord, le patron pourra imposer un référendum. Par ailleurs, les patrons vont décider seuls des licenciements économiques car « ce n’est pas au juge de décider s’il est nécessaire à l’entreprise ».

Un pas en avant dans la barbarie sociale car ces projets cassent les quelques outils, même réformistes, que possédaient encore les travailleurs : l’appui sur la loi quand elle est meilleure que celle du patron de la boîte et le recours à l’inspection du travail et au juge pour contester la décision. Ce sont des pans de droit chèrement acquis, le code du travail, la justice du travail, le rôle du syndicalisme, qui sont supprimés avec pour conséquence de rendre encore plus difficile la lutte collective.

Par contre, l’État sera appelé à gérer l’Unedic afin de revenir aux indemnités dégressives pour les travailleurs privés d’emploi depuis un an. Par ailleurs, « l’assouplissement du statut des fonctionnaires » sera rapide, d’autant plus « qu’il faut avoir le courage de dire qu’ils  travaillent souvent moins que 35 heures ». Celui qui le dit – et qui ment – c’est bien sûr Sarkozy. Enfin, la retraite à 63 ans, c’est pour 2020.

Si elle revient au pouvoir, la droite a donc l’intention de réaliser le projet capitaliste de baisse drastique du coût du travail. Et en menant sur son terrain une politique de droite, en faveur du patronat, le gouvernement « socialiste » incite la droite à se démarquer toujours, jusqu’à l’extrême...

La France de race blanche et judéo-chrétienne...

Celle que le président Sarkozy appelait « ma Nadine » aurait-elle donc dérapé ? Pas tant que cela sans doute. Car l’homme du discours de Dakar sur « l’homme africain [qui] n’est pas assez entré dans l’histoire », s’il parle sur un ton plus mesuré que Morano qu’il désavoue pour ne pas mettre en danger le rassemblement autour de sa personne, tient sur le fond les mêmes propos. C’est-à-dire de plus en plus ceux du FN...

Ainsi parmi ses propositions sur l’immigration on (re)trouve l’installation de camps de rétention dans les pays limitrophes de l’espace Schengen, les allocations familiales et le logement social possibles seulement après 5 années de présence régulière sur le territoire, la remise en cause du droit du sol avec pour conséquence la non-automaticité d’accès à la nationalité française pour les enfants nés de parents étrangers. Celle-ci ne serait accordée à 18 ans que sous certaines conditions, dont celles de n’avoir ni commis des actes de délinquance mineurs, ni milité, ni manifesté. Enfin, l’« obligation de s’assimiler, c’est-à-dire d’adopter la langue, la culture, l’histoire et le mode de vie du pays d’accueil » est un non-respect total, une insulte à l’autre, une humiliation raciste, post-coloniale, impérialiste, de nature à soulever de légitimes colères.

Pour y faire face et plus généralement pour garantir l’ordre des puissants, plusieurs barons du sarkozysme, têtes de liste aux régionales face au FN, n’hésitent pas à défendre les idées de celui-ci en matière de sécurité publique. Ainsi Estrosi défend le port du bracelet électronique pour ceux qui sont suspectés de vouloir commettre un acte terroriste, ainsi que pour certains militants politiques, syndicaux, zadistes, antinucléaires... Ciotti demande même que « certains individus fichés soient incarcérés avant de commettre un acte ». Enfin Xavier Bertrand veut lui « fusionner les ministères de la justice et celui de l’intérieur en un seul ministère de l’autorité »...

À un gouvernement de gauche de droite au pouvoir, il ne pourrait succéder qu’un gouvernement de droite extrême ? À moins que...

Roseline Vachetta