Après la défaite, vient l’heure des bilans. L’UMP en pleine déconfiture doit faire son choix entre la ligne compatible avec le FN et celle de la droite dite sociale.
La balkanisation de l’UMP se poursuit de plus belle depuis sa défaite aux élections législatives. À chaque jour sa nouvelle prise de bec entre les différents prétendants au poste de dirigeant du parti ou sa polémique entre les défenseurs sans nuance du bilan du règne de Sarkozy et ceux qui en exigent un « inventaire critique ». Les chefs de la droite lavent leur linge sale bien au-delà du cercle familial : les coups bas pleuvent par médias interposés et les ambitions personnelles s’affichent au grand jour. Morano a cartonné Fillon en déclarant « c’est facile de faire le beau quand on traverse une prairie alors que d’autres sont dans un champ de mines ». Pécresse a lâché Copé comme une vieille chaussette pour rallier le camp de Fillon. Copé et Fillon ont désormais de nombreux concurrents dans la course à la présidence de l’UMP d’ici le congrès de novembre : Baroin, Le Maire,
Kosciusko-Morizet se sont déclarés. On suppose qu’il y en aura d’autres : désormais sans chef incontestable et incontesté, les apprentis « sauveurs suprêmes » sont légion. Mais derrière les querelles et les règlements de comptes personnels classiques des appareils des partis bourgeois, et renforcés en période de vaches maigres électorales, il y a des choix stratégiques différents en filigrane. Maintenir un parti regroupant l’ensemble des tendances de la droite mais en leur donnant plus de libertés et de moyens, notamment à celles qui « regrettent » la trop grande droitisation de l’UMP... car elle n’a pas été payante ! Ou bien participer à la construction d’un parti de type populiste comme ont pu le faire d’autres politiciens de droite dans certains pays européens avec des composantes de l’extrême droite (la Ligue du Nord en Italie par exemple).
Lors d’une récente interview, Marine Le Pen s’est réjouit de la guerre des chefs à l’UMP et a prédit « la mort de l’UMP ». De fait, l’UMP s’est prise à son propre piège en allant chercher des voix sur le même terrain fangeux que celui de l’extrême droite sans en engranger les bénéfices électoraux en retour. Cela a bénéficié au Front national, non seulement électoralement mais aussi politiquement : le phénomène de « dédiabolisation » du FN a été principalement l’œuvre de l’UMP et de son ex-chef Sarkozy. Pour le FN, comme pour la droite, les élections municipales de 2014 seront cruciales. En termes de postes, bien sûr, mais aussi d’influence et de rapports de forces au sein des forces réactionnaires et prétendant incarner le recours face au gouvernement de gauche. Tout ce qui se passe de ce côté de l’échiquier politique est bien sûr peu ragoûtant pour toutes celles et tous ceux qui rejettent les thèses nauséabondes de l’extrême droite et de sa pâle copie l’UMP. Mais n’y soyons pas indifférents car c’est important pour mieux combattre ces ennemis de notre camp social. Et bien sûr, c’est par notre intervention dans la lutte des classes et la construction d’un rapport de forces favorable au monde du travail que nous serons capables de les empêcher de nuire.