Après que l’UMP n’a recueilli les voix que de 11 % des électeurs, Sarkozy s’effondre dans les sondages. Avec 30 % de satisfaits, il est au plus bas depuis son élection en 2007. Rien ne va plus pour ce gouvernement de plus en plus illégitime qui ne voit d’autre issue que… la fuite en avant. Sarkozy a essayé de profiter de sa visite à Obama pour prendre sinon de la hauteur du moins de la distance vis-à-vis de la grogne qui s’exprime de plus en plus ouvertement dans son camp comme des rivalités qui le divisent. Après l’annonce par Villepin de la fondation de son propre mouvement, c’est Juppé qui s’est dit disponible pour l’élection présidentielle alors que, d’ores et déjà, Fillon et Copé sont sur les rangs…
Autant dire que Sarkozy a besoin de restaurer son autorité de chef d’État. Sans doute pour se rehausser, sans crainte du ridicule, il a félicité Obama pour sa réforme du système de santé ajoutant : « Ça nous pose des difficultés, ça coûte cher [...] mais on ne peut pas laisser les gens mourir comme ça. L’État ne peut pas se désintéresser de la situation de ceux qui n’ont pas les moyens d’aller à l’hôpital. » Le donneur de leçons ne manque pas de cynisme, lui qui compte bien reprendre l’initiative en engageant une nouvelle bataille contre les droits conquis par les luttes des travailleurs, en particulier les retraites. Car ce sont bien les luttes des travailleurs qui ont imposé aux classes dominantes la Sécurité sociale et les retraites. Et c’est en engageant cette bataille qu’il espère conforter sa « majorité » tout en s’imposant, au nom du dialogue social, à la gauche libérale et syndicale. Mais d’abord, faire taire les critiques et serrer les rangs ! La secrétaire d’État à l’Écologie Chantal Jouanno, qui s’était dite « désespérée » par l’annulation de la taxe carbone, a été vertement remise à sa place. « Le cap, il a été fixé en 2007 et je ne vois rien qui doive le modifier », déclarait le zélé Besson. Ce dont Fillon a cherché à convaincre les 200 parlementaires UMP sur 400 qui s’étaient rendus, lundi 29 mars, au séminaire de recadrage. « Nous allons poursuivre les réformes » et « resserrer, ajuster mais pas changer notre ligne politique » a martelé Fillon pour balayer les doutes. En ligne de mire, les attaques contre les retraites et la lutte contre les déficits. Et, pour faire bonne mesure, Fillon a promis une loi sur le voile intégral allant « le plus loin possible sur la voie de l’interdiction générale dans le respect des principes généraux du droit ». Il entend ainsi souligner qu’il ne laissera pas la démagogie xénophobe et raciste au Front national. Là encore, pas de place pour le doute, garder le cap ! Sans aucun doute, Fillon le loyal, en tentant de s’imposer comme le véritable chef et le rassembleur de la majorité en déroute prépare sa propre candidature pour 2012 en prenant la posture de celui qui ne cède pas aux vents contraires. Il veut être celui qui aura conduit la réforme contre les retraites jusqu’au bout. Il compte pour cela sur les capitulations de cette gauche qui accepte par avance la réforme, sur Valls qui propose un « pacte national ».
L’heure est pourtant bien à la contre-offensive contre un gouvernement affaibli sans attendre quoi que ce soit d’une alternance électorale dans… deux ans. C’est dès aujourd’hui qu’il faut préparer la riposte en mettant à profit l’affaiblissement du pouvoir. C’est une bataille politique que seuls les travailleurs unis peuvent mener avec leurs propres armes, la grève, les manifestations. Yvan Lemaitre