Sarkozy « ne sait pas assumer » ses responsabilités, selon les déclarations au Nouvel Obs de Jérôme Lavrilleux, son ancien directeur adjoint de campagne de 2012, aujourd’hui mis en examen dans l’affaire des fausses factures de l’UMP.
Ce dernier accuse son ancien patron : « Il dit : “C’est pas moi, c’est Copé.” Il se défausse, il vit dans un monde irréel et ne sait pas assumer. Les grands chefs sont pourtant ceux qui assument. L’ingratitude est la marque des faibles. »
Homme de confiance de Copé sur lequel Sarkozy cherche effectivement à se défausser, Lavrilleux a reconnu le système de fausses factures entre l’UMP et Bygmalion, société contrôlée par des proches de Copé. Il affirme maintenant que c’est l’ensemble des comptes de campagne qui a « dérapé », « et pas seulement le budget consacré aux meetings », jusqu’alors principalement mis en cause. Les fausses factures auraient permis d’imputer à l’UMP environ 18,5 millions d’euros de dépenses de meetings qui auraient dû figurer dans le budget de campagne du candidat, afin de dissimuler un dépassement du plafond légal des dépenses fixé à 22,5 millions d’euros. L’UMP aurait, « en plus des fausses factures de Bygmalion », dépensé 10 millions d’euros au lieu des 2,5 millions prévus dans le budget du parti. Une somme qui porterait les frais de la campagne à un total de 50 millions d’euros !
Sarkozy a longtemps cru qu’il lui suffisait de revenir en politique, en expliquant avoir changé, pour que tout le monde oublie, comme par enchantement, son exercice du pouvoir, sa défaite de 2012... et ses affaires. « Il n’a pas réussi à recréer un élan, confie l’un de ses anciens proches conseillers. C’est désormais trop tard. La détestation qu’il produit est beaucoup trop importante pour qu’il puisse la combattre. » Celui qui rêvait d’un « retour stratosphérique » est en train de tomber de très haut. Du coup, il panique. Et essaie de se raccrocher à tout ce qu’il peut.
« Je le dézinguerai ! »
Lavrilleux dit avoir subi des tentatives d’intimidation. « Il m’arrive d’avoir peur. Je n’ai pas envie d’apprendre à nager dans 20 centimètres d’eau comme Robert Boulin. » Bonjour l’ambiance ! Lavrilleux n’a plus grand-chose à perdre et se venge tout en vengeant son commanditaire Copé.
Brice Hortefeux, paraît-il fidèle parmi les fidèles, jure que cette affaire ne concerne que la société Bygmalion et en aucun cas Sarkozy. On a quelques raisons d’en douter...
Mais même si ce dernier réussit à obtenir la compréhension des juges, il n’en aura pas fini avec toutes celles et ceux qui ont des comptes à régler avec lui. Ainsi, nul doute que le moment venu, Patrick Buisson saura se rappeler à sa mémoire. Mis en examen dans l’enquête sur les sondages commandés par Sarkozy entre 2007 et 2012, il était justement dans le bureau du juge la semaine dernière... Sans doute aussi, le moment venu, Morano, Dati, Jouanno, Guéant, Mignon et bien d’autres auront leur petit mot à dire sur le personnage. « je le dézinguerai » a même promis Morano !
Le seul dont Sarkozy n’a rien à craindre, c’est Balkany, encore plus truand que lui ! Pour lister ses villas et ses mètres carrés de piscines, chiffrer ses 4×4 et ses actifs offshore, l’inspectrice des impôts a eu besoin de quarante-sept pages. Un patrimoine évalué à 16,5 millions d’euros ! Un ami sûr... mais peut-être un peu trop compromis !
Yvan Lemaitre