Publié le Vendredi 19 février 2016 à 11h10.

Droite : Sarkozy, la fin ?

Sous la pression de la politique réactionnaire du gouvernement Hollande-Valls d’un côté, et du FN de l’autre, les candidats à la primaire font de la surenchère à droite. Au premier rang, Sarkozy a bien du mal à s’imposer au sein de son propre parti d’autant plus qu’il est rattrapé par les affaires.

Le week-end dernier se réunissait le conseil national des Républicains que Sarkozy a clôturé par un discours aussi martial que peu efficace, si on en juge d’après la faible assistance et l’absence de nombreux ténors du parti. Il a promis de faire adopter en avril par les adhérents du parti l’orientation qu’il aura lui-même définie dans un texte programme qu’il invite - démocratie oblige - à amender. Une orientation qui précéderait le choix du candidat des Républicains à la primaire, laquelle comptera d'autres candidats supplémentaires, dont Nathalie Kosciusko-Morizet, en plus des cinq déjà officiels, Juppé, Fillon, Le Maire et Sarkozy... et Jean-François Copé.

Tous azimuts

Sarkozy espérait une rentrée fracassante en publiant en janvier un livre, La France pour la vie, dans lequel il se reprochait surtout, outre quelques dérapages comme le fameux « Casse-toi, pauvre con ! », de n’avoir pas été assez loin dans les « réformes ». Quelques jours plus tard, le 4 février, il se répandait dans une longue interview pour Les Échos sur toutes ces mesures. Il promet un « contre-choc fiscal », une baisse d’impôts et de « charges » de 25 milliards d’euros dès l’été 2017, avec entre autres choses, une baisse de l’impôt sur le revenu de 10 %, la suppression de l’ISF, la disparition de toutes les cotisations sociales au niveau du Smic, la possibilité pour les entreprises de sortir des 35 heures, etc.

En contrepartie, il projette des économies de 100 milliards d’euros sur les dépenses publiques pendant le quinquennat, avec la suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite, l’augmentation du temps de travail pour les enseignants et les salariés des collectivités territoriales, le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 63 ans dès 2020 et 65 ans dès 2025, la dégressivité des allocations de chômage, une allocation unique remplaçant la prime d’activité, l’allocation logement et le RSA, qui pourrait être suspendue si le bénéficiaire refusait un emploi ou une formation...

« Monsieur Plus »

Toutes choses qui sont déjà peu ou prou dans le programme de ses concurrents à la primaire, tant l’offensive engagée par Hollande, Valls et Macron leur coupe à tous l’herbe sous les pieds. Difficile de promettre une politique encore plus favorable aux patrons et aux riches que celle déjà mise en œuvre. Les dirigeants de droite n’ont guère d’autre créneau que de jouer les « Monsieur Plus ».

Mais le pire pour Sarkozy a été la question de la révision constitutionnelle. Un vrai cauchemar ! Alors qu’il avait pris position pour voter la déchéance de la nationalité – « une victoire idéologique de la droite » –, ne voilà-t-il pas que 30 députés LR ont voté contre la déchéance de la nationalité (32 ont voté pour) et 74 contre la révision constitutionnelle (111 ont voté pour).

Un camouflet qui s’ajoute aux mauvais sondages. Alors que Juppé compte 52 % d’opinions favorables, Sarkozy peine à 23 %, et même pour la primaire à droite il est à 32 % contre 44 % à Juppé.

Et la chute promet d’être encore plus rude puisque Sarkozy vient d’être mis en examen dans l’affaire de ses comptes de campagne, qu’il est déjà menacé d’un procès dans celle des écoutes téléphoniques et qu’il figure encore dans l’affaire Bygmalion, même si c’est sous le statut de « témoin assisté ».

Galia Trépère