Publié le Samedi 14 janvier 2012 à 22h30.

Écran de fumée et démagogie

Sarkozy, en bon démagogue dépourvu de personnalité politique et de convictions, a l’art du retournement pour prendre l’offensive en tenant un discours à l’opposé de sa politique réelle, histoire de semer la confusion et de prendre à revers ses adversaires. 

Ainsi, est-il devenu le plus fervent défenseur de la taxe Tobin qu’il considérait, il n’y a pas si longtemps, comme une « absurdité » et, cela, au moment même où, au côté d’Angela Merkel, il prétend imposer à tous les peuples d’Europe la discipline de l’austérité. « Angela Merkel et moi avons toujours dit que nous croyions au principe de cette taxe, a-t-il déclaré péremptoire. Nous avons mené un fameux combat, à la table du G20, à la table du G8 et à la table des sommets européens. » Tout fier que la Commission européenne ait repris ce qu’il appelle son idée, il entend précipiter les choses. « Si nous ne montrons pas l’exemple, ça ne se fera pas ». Et dès la fin janvier, après le sommet social, les modalités de la taxe Sarkozy-Tobin devraient être décidées sans attendre que « les autres pays soient d’accord ». 
Le président candidat est pressé, il lui faut occuper le terrain, déstabiliser ses adversaires à coup de bluff pour espérer subjuguer l’opinion...
Angela Merkel laisse faire sans s’inquiéter des velléités de son partenaire, sans s’inquiéter non plus de l’opposition affirmée par David Cameron. Un débat en faux-semblant, jeu de rôle... Sarkozy doit tenter de donner le change. « Il faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a provoqués », déclarait-il lors de ses vœux. Montagne de cynisme et d’hypocrisie qui accouchera d’une souris. 
Il s’agirait de réintroduire l’impôt sur les achats d’actions qui avait été supprimé en 2008 par… Christine Lagarde. Au maximum, peut-être, une taxe de 0,1 % sur les actions et obligations, de 0,01 % sur les produits dérivés, les folles inventions de la spéculation. Une goutte d’eau dans un océan financier. Imposer aux responsables de la crise la réparation des dégâts passe par bien autre chose : refuser des payer 
la dette, exiger un audit populaire dans 
le but de son annulation.

Yvan Lemaitre