Publié le Jeudi 10 avril 2014 à 19h15.

EÉLV : sortir du gouvernement mais sans s’y opposer

Europe écologie les Verts ne participe donc plus au gouvernement avec le Parti socialiste. C’est par sept voix contre, cinq abstentions et trois pour, que le bureau exécutif a refusé l’entrée dans le gouvernement de Valls...

Si pour les militantEs, le boa Valls est vraiment trop gros à avaler, les élus – sénateurs : Jean-Vincent Placé, André Gattolin, Ronan Dantec, députés : Barbara Pompili, François de Rugy et François-Michel Lambert ou eurodéputés : Karim Zéribi et Daniel Cohn-Bendit – quant à eux en demandent encore.

Les promesses de VallsCe n’est pas de gaieté de cœur que la direction a décidé de suivre les ministres sortant, Cécile Duflot et Pascal Canfin, qui ont annoncé qu’ils ne seront pas d’un exécutif Valls, pour cause d’orientations politiques divergentes.  Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale du parti, s’en excuserait presque : « J’assume parfaitement la décision qui a été prise, mais je n’en suis pas pour autant heureuse car nous ne voulions pas en arriver là », laissant la porte ouverte à Valls : « Sa proposition était solide et correcte. Il a fait la proposition que François Hollande ne nous a pas faite en 2012. Manuel Valls veut réussir comme Premier ministre et il souhaitait que l’on entre dans ce gouvernement. Mais ce que nous disons aujourd’hui, c’est qu’avant de prendre des postes, nous attendons des actes. Sur les questions de transition énergétique, il nous a dit ce matin des choses très fortes... » Effectivement, le gouvernement Valls est, dès sa constitution, fragile. Il dispose d’une faible majorité et est prêt à promettre beaucoup – transition énergétique, proportionnelle... et même de bouger par rapport à Notre-Dame-des-Landes – pour se concilier EÉLV.

Pas au gouvernement... mais surtout pas dans l’oppositionL’ex-ministre du Logement déclare que « avoir un ministère de l’écologie sans changement de cap, c’est avoir un couteau sans lame » et dénonce la politique de Hollande « où le verbe et la communication sont plus que les actes ». Mais elle maintient que les écologistes « ont vocation à exercer le pouvoir » et se situe dans la perspective d’un « rapport de forces différent » dans un éventuel « futur gouvernement »...Comme en écho aux paroles d’Emmanuelle Cosse, « la confiance ne va pas de soi, mais nous avons envie de la donner à nos partenaires » ou encore « je me situe dans la majorité présidentielle. Je ne suis pas là pour faire une opposition stérile », la majorité des parlementaires a voté la confiance à Valls alors que le conseil fédéral des Verts s’était prononcé à 83 % pour l’abstention lors du vote de confiance au gouvernement. Pas plus dans la rue qu’au Parlement, EÉLV ne constitue une opposition de gauche. Là encore, la secrétaire nationale dit clairement les choses : « nous ne serons pas présents le 12 avril. Même sans  être membre de ce gouvernement, je ne souhaite pas qu’il échoue ».

Pour une opposition de gauche antiproductivisteJacques Boutault, Alain Coulombel, Annie Lahmer, Élise Lowy, Jérôme Gleizes, Véronique Dubarry... appellent à la marche du 12 avril et c’est une excellente nouvelle. Ils affirment que leur « présence dans la rue le 12 avril prochain est cohérente avec la décision d’EÉLV de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls ». Optimisme aveugle ou ironie ? L’antiproductivisme de gauche n’est pas compatible avec l’orientation d’EÉLV. Il ne peut se situer qu’en opposition frontale à un gouvernement « ni de gauche, ni socialiste, ni écologiste » comme le fait l’appel « Ras-le-bol du productivisme ! » (1) lancé par des militantEs associatifs, syndicaux et politiques de différentes organisations : NPA, PG, Ensemble !, MOC, PPLD... À suivre.

Christine Poupin

1 – http ://www.antiprod.net