Il est vraiment difficile de dire « bonne année ! » en cette rentrée...
Difficile de dire « bonne année ! » quand, par milliers, des hommes, des femmes et des enfants risquent leur vie pour traverser la Méditerranée, fuyant la guerre et la répression féroce de Assad et tombant dans les mains de leurs assassins, qu’ils soient passeurs mafieux ou promoteurs du sinistre système Frontex...
Difficile de dire « bonne année ! » quand, à Champlan, un maire refuse l’inhumation d’une enfant dans le cimetière de sa commune simplement parce qu’elle est Rom. Cet ultime abus de pouvoir, insupportable, n’est que l’aboutissement d’un racisme quotidien. Et quand Valls s’indigne, on ne peut s’empêcher de penser à ses déclarations et aux actes de son gouvernement contre les Roms.
Quelque chose se passe...
Pourtant le journal Libération nous promet « Le printemps de la gauche rouge » en Une, en évoquant les perspectives électorales de Syriza et de Podemos. Bien sûr, notre rouge est probablement plus pourpre et nos printemps pas d’abord électoraux, mais si l’espoir peut pointer le bout de son nez, on ne boudera pas notre plaisir.
Une nouvelle donne se profile, pleine de contradictions mais aussi d’espoirs pour les peuples. Nous devons suivre ce qui se passe de près, avec nos convictions mais toujours solidaire. Car cette nécessaire solidarité se mesure à la hargne que cette perspective déclenche, du FMI qui suspend ses aides à Merkel qui « accepterait la sortie de la Grèce de l’euro », en passant par Moscovici... Quels que soient les débats et les désaccords avec la direction de Syriza, c’est pour toutes celles et tous ceux qui refusent les politiques d’austérité en Europe, à la fois un devoir de solidarité avec le peuple grec et un enjeu pour le rapport de forces de faire cesser le chantage de la Troïka.
Il en est de même pour les grèves générales en Italie et en Belgique, et les mobilisations dans l’État espagnol. Là encore, il y a des débats et des difficultés, des désaccords et des illusions... mais il y a surtout volonté de changer : engagement, solidarité, créativité et détermination.
À quand notre tour ?
Ce n’est pas la campagne médiatique de Hollande qui peut faire espérer quoi que ce soit de positif. Il peut se la jouer offensif, son chemin nous ne le connaissons que trop : il ne mène qu’à l’augmentation du chômage et à la dégradation des conditions de vie. Les bonnes nouvelles ne peuvent venir que d’un regain des mobilisations, d’un sursaut du mouvement social.
Alors que nous fêtons les 40 ans de la loi Veil, c’est l’occasion de se rappeler que les luttes peuvent gagner, que des droits, comme l’a été le droit à l’avortement, peuvent être conquis et que des mouvement puissants, comme le mouvement autonome des femmes, peuvent se construire et imposer des changements à toute la société.
Aussi il n’y a aucune raison de renoncer à imposer le droit de vote pour celles et ceux qui vivent ici, aucune raison de se résigner devant les morts de la rue et de la misère, aucune raison de renoncer à imposer le droit au logement pour toutes et tous...
Pour bien commencer l’année...
En ce début janvier, une urgence s’impose : s’opposer pied à pied à la politique du gouvernement, à commencer par la loi Macron. Ce monstre aux multiples gueules s’attaque au code du travail, à la médecine du travail, à l’inspection du travail, aux prud’hommes, pour en finir avec « tout ce qui bloque, empêche, freine et nuit à l’égalité et au progrès » selon Hollande... En réalité pour détruire ce qui reste des protections des salariéEs !
De plus en plus de voix s’élèvent contre ce projet, c’est une bonne chose. Nous disons chiche ! Chiche à l’indispensable construction unitaire d’une mobilisation, pas une mobilisation symbolique pour se dédouaner ou pour préparer les échéances électorales, une vraie mobilisation pour faire céder le gouvernement, donc des cadres de mobilisation, des centaines de militantEs qui convainquent dans les entreprises et les quartiers, un rapport de forces jusqu’au retrait pur et simple. Cela ferait un bon début d’année !
Pas à une contradiction près, Hollande poursuit son affichage « climatique » en prévision de la conférence qui se tiendra à Paris à la fin de l’année... tout en continuant sa course à la croissance et aux grand projets destructeurs, réaffirmant que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes « sera lancé ».
Alors oui, une bonne année 2015 serait aussi pour nous celle de la construction d’un mouvement puissant, d’une mobilisation monstre, pour changer le système, pas le climat !
Christine Poupin, Olivier Besancenot et Philippe Poutou