Fillon a déclaré sa candidature pour 2017. Il se pose en adversaire des alliances avec l’extrême droite, contre Sarkozy, le démagogue prêt à tout.Un des proches de Sarkozy aurait dit « L'UMP, c'est fait. Reste à reprendre la France ! », saluant ainsi son retour sur la scène lors de la réunion du bureau politique de l’UMP le 7 juillet dernier. Excès d’optimisme voire aveuglement, car les jeux sont loin d’être faits pour Sarkozy, même au sein de l’UMP. L’effet de surprise et le temps de la solidarité obligée une fois passés, beaucoup de parlementaires ont fait savoir qu’ils n’appréciaient pas le fait que cette réunion, censée être consacrée au sauvetage financier de l’UMP, ait été en fait transformée en opération publicitaire par et pour Sarkozy.Et certains se sont dits mécontents que Sarkozy prétende dicter à tous ce que doit être la politique de l’UMP. Ses rivaux, bien sûr en premier lieu, Copé mais surtout Fillon. Lors de sa réunion publique à La Grande-Motte, le 10 juillet, ce dernier a lancé une véritable « contre-offensive » — le mot est de l’un de ses proches — et a clairement fait acte de candidature à la présidentielle de 2017. Il s’est déclaré déterminé à aller jusqu’au bout, même si Sarkozy est candidat, et contre lui. Une déclaration de guerre par laquelle il a cherché à construire son personnage de présidentiable, l’anti-Sarkozy au sein de la droite.
Rivalité de personnes, conflit d'orientationÀ travers ces ambitions concurrentes aiguisées par la soif de pouvoir et une haine longtemps contenue, ce sont deux options politiques pour la droite qui commencent à se dessiner et qui ne pourront vraisemblablement pas cohabiter.À la Grande Motte, Fillon a attaqué ceux qui seraient tentés de faire de l'UMP « un parti protestataire » prêt « à épouser toutes les démagogies, à s'allier avec n'importe qui, pour promettre n'importe quoi ». Fillon, qui le connaît bien, sait de quoi Sarkozy est capable, animé par ses appétits de pouvoir et de vengeance. Il ne s’agit plus pour Sarkozy uniquement de siphonner l’électorat du FN mais de devenir celui qui rassemblera la droite et la droite extrême, quitte à tolérer des alliances locales avec le Front national, s’il le faut, et sans aucune gêne. « L'UMP n'a pas vocation à ramper devant l'extrême droite. Cette voie de la capitulation politique et morale ne sera jamais la mienne », répond Fillon.Alors qu’il est impliqué jusqu’au cou dans plusieurs affaires de corruption, Sarkozy ne cache pas son mépris de la justice et des juges, à la manière d’un Berlusconi, comme le disait un journaliste du Monde. N’a-t-il pas dénoncé un complot dans la décision du Conseil constitutionnel invalidant ses comptes de campagne ? Face à l’ancien président voyou, Fillon se pose en chef de gouvernement responsable. « Notre famille politique est un parti de gouvernement qui se doit d'appliquer la loi républicaine et de respecter les juridictions. On ne peut exiger des Français qu'ils respectent les règles si nous-mêmes nous les réfutons ».La guerre a lieu pour l’instant au sein de l’UMP, mais il est possible qu’elle débouche avant 2017 sur une recomposition politique à droite et la naissance d’un parti de droite extrême.
Galia Trépère