Publié le Vendredi 3 mai 2019 à 12h10.

Fiscalité : Macron ne veut pas entendre parler de justice fiscale

Lors de sa conférence de presse, Macron a justifié, pendant plus de deux heures, ses choix et ses orientations. En matière de fiscalité, il a notamment confirmé qu’il ne reviendrait pas sur les mesures prises ces deux dernières années, et donc que rien ne sera fait pour plus de justice fiscale…

Depuis 24 semaines, le mouvement des Gilets Jaunes a mis sur le devant de la scène une demande forte de justice fiscale avec, entre autres la revendication du retour de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Mais de cela, Macron ne veut pas entendre parler, même si il reconnait que la question de l’injustice fiscale est celle qui a le plus sonné à ses oreilles pendant le « grand débat ». C’est ainsi qu’il ne reviendra pas sur les cadeaux fiscaux faits aux plus riches depuis le début de son quinquennat, indiquant même qu’il entendait continuer avec ses « bonnes orientations ». 

La politique fiscale de Macron, avec entre autres la fin de l’ISF, la mise en place de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), l’imposition à taux proportionnel des revenus financiers (flat-tax), n’a profité qu’aux seuls riches, très riches amis du président, et ont ainsi augmenté les  inégalités. Grâce à cette politique, les 1% des plus riches vont cette année voir leur pouvoir d’achat augmenter de 6,4%, et les 0,1% des plus riches de 17,5%. 

Des effets d’annonce

Pour faire croire qu’il avait entendu les revendications de ces derniers mois, Macron a annoncé une baisse de l’impôt sur le revenu estimée à 5 milliards d’euros, tout en restant assez flou. A priori, cette mesurette bénéficierait à l’ensemble des imposables, y compris les plus aisés, mais par définition pas aux plus pauvres puisque ces derniers ne sont pas imposables. Cette baisse serait prétendument financée par une remise en cause de certaines « niches fiscales » des entreprises (mais le Medef s’y oppose totalement), par un allongement de la durée du travail et par la baisse de la dépense publique. 

Concernant l’évasion fiscale et la fraude fiscale, là encore Macron n’a rien annoncé, à part une nouvelle évaluation par la Cour des comptes. Pas davantage de mesures concernant la TVA à propos de laquelle il n’y a aucune annonce, en particulier de baisse sur des produits de première nécessité, pourtant revendiquée – à juste titre – par le mouvement des Gilets jaunes, n’a été faite.  On appelle cela : un pied de nez !

Opacité et injustice renforcées 

Les politiques fiscales des dernières décennies ont renforcé le côté obscur du système fiscal actuel. Elles ont également accentué la dégressivité de l’impôt et l’injustice fiscale. La politique du gouvernement Macron depuis deux ans a renforcé cette injustice, mais il préfère parler « d’exaspération fiscale » et ainsi privilégier le moins d’impôt…qui n’avantage que les plus riches. 

Une véritable politique anticapitaliste en matière fiscale serait une politique qui privilégierait les impôts directs et la progressivité de l’impôt, taxerait réellement le capital mais aussi le patrimoine. Elle rendrait la fiscalité compréhensible par toutes et tous, ce qui est la condition même pour qu’elle puisse donner lieu à un véritable débat démocratique dans lequel les arbitrages politiques soient réellement maîtrisés par touTEs. On en est bien loin !

Joséphine Simplon