Ce week-end du 11 septembre, à Nice, fief historique de Jacques Peyrat, se sont tenues les journées d’été du Front national. Louis Aliot promettait environ 1 000 participants, il semblerait que la moitié ait rempli les gradins de la très luxueuse salle de l’Acropolis.
Dans une ambiance bleu « Marine », l’éternelle flamme du FN a laissé place à un très sobre logo « Marine présidente ». Cette personnalisation permet, comme pour les deux conventions nationales annoncées, de compter ces journées dans les frais de campagne de la candidate intronisée dès le congrès de Tours. Un coup d’éclat médiatique Silencieuse depuis juillet après les déclarations « compréhensives » de Jean-Marie Le Pen et de Laurent Ozon (démissionnaire du FN depuis) sur les causes de la tuerie norvégienne, Marine Le Pen concevait les journées d’été comme une véritable rentrée médiatique. Le ralliement ou le soutien de certaines « personnalités » contribuant à cette couverture. Outre l’avocat Gilbert Collard, mariniste déclaré depuis le mois de mai et désormais président de son comité de soutien, Yves Bertrand, ancien patron des renseignements généraux, ancien soutien de Chirac, s’est illustré. Rencontrant la présidente du FN lors d’un déjeuner, il a déclaré qu’il voyait en elle une personne « respectable » bien qu’il ne désire pas rejoindre son organisation. Parmi les nouveaux ralliés, le soutien du souverainiste Paul-Marie Coûteaux, ancien du MPF de Villiers, sonne comme un non-événement. Plus surprenant, en revanche, le ralliement de l’ultra libéral Dumait. Discours musclés des Le PenJean-Marie Le Pen, président d’honneur du FN, a ouvert les hostilités samedi en prononçant un discours de retour aux fondamentaux : « immigration massive » « insécurité » « chômage » et « justice » furent les « classiques » abordés. Sur le même créneau, Marine Le Pen a déroulé son discours selon les plus vieilles rengaines frontistes. Une intervention largement consacrée à l’immigration et à la dénonciation du « multiculturalisme qui bouleverse en France […] ses valeurs de civilisation et d’identité ». Elle réaffirme que l’immigration est le nœud de la question sociale revendiquant la suppression de l’acquisition automatique de la nationalité, du droit du sol… Ce durcissement de ton a pour but de poursuivre la pression sur la droite de gouvernement et de rester « l’original » sur ces questions.
Loin des intérêts des salariés, Marine Le Pen cherche pourtant à rassurer : elle dénonce d’un côté « l’anticapitalisme à la Besancenot » et « l’ultra-libéralisme des Sarkozy et Hollande » pour finalement défendre « une économie de marché mais dotée de frontières qui protègent et d’un État qui arbitre, régule et organise ». Bref une offre libérale et autoritaire de plus.
Intrigues et manœuvresChaque rencontre nationale est l’occasion pour les frontistes de retrouvailles et de soirées arrosées, mais aussi d’intrigues et de manœuvres. Ces journées d’été n’ont pas failli à la règle. Elles furent l’occasion pour Yvan Benedetti, proche de l’Oeuvre française, suspendu pour deux ans, de régler ses comptes. Ce dernier a déclaré lors d’un point presse que Marine Le Pen avait un accord avec le Bloc identitaire pour la présidentielle. Tendant à illustrer cette allégation démentie, Arnaud Gouillon (Bloc identitaire) vient, comme cela était prévisible, de renoncer à la course aux parrainages. La contre-initiative des dirigeants de l’UMP, réunis en meeting dans la même ville, ressemblait à s’y méprendre à une simple occupation de l’espace médiatique, tandis que l’annnonce de la candidature de Carl Lang (le 12 septembre)pourrait s’apparenter à une « torpille élyséenne ».
Aymeric Chardon