Publié le Mercredi 14 juin 2017 à 17h20.

FN : Une petite claque électorale… Tant mieux !

Avec 13,2 % des voix au premier tour des législatives, le Front national essuie un premier revers électoral depuis l’arrivée de Marine Le Pen à sa présidence, dont le score extrêmement élevé dans le Pas-de-Calais est l’arbre qui cache la forêt.

Celle-ci pourrait se retrouver bien isolée au Palais Bourbon, puisque le FN n’obtiendrait qu’entre 3 et 5 députés à l’issue du deuxième tour. Seuls 20 candidats FN sont arrivés en tête de leur circonscription. Rien à voir avec la vague « Bleu Marine » annoncée après les scores historiques de Le Pen à la présidentielle.

Certes, 110 candidats frontistes se sont qualifiés pour le second tour, contre 61 en 2012. Mais en voix comme en pourcentage, le FN fait moins bien qu’il y a cinq ans (un peu moins de 3 millions de voix, soit 538 000 voix de moins aujourd’hui). Le FN voit également son score reculer par rapport au premier tour de l’élection présidentielle (21,3 % et 7,7 millions de voix). Si ce reflux est habituel (il était de 4,3 points en 2012, 6,1 en 2007, 5,7 en 2002), il est bien plus important cette année (8,1 points).

Clairement, l’électorat de Marine Le Pen s’est démobilisé depuis son échec à la présidentielle. Philippot, le numéro 2 du FN a reconnu du bout des lèvres dimanche avoir « subi peut-être une déception sur le score ». Le jeu du scrutin majoritaire à deux tours, l’absence de triangulaire et les appels au « front républicain » finiront d’achever dimanche prochain une nouvelle fois les ambitions parlementaires du FN.

Des éliminations symboliques...

Plusieurs figures emblématiques du FN sont balayées, comme Nicolas Bay en Seine-Maritime ou Jean-Lin Lacapelle, un ex du GUD et très vieil ami de Le Pen, et ce, malgré son parachutage dans la circonscription dorée de Vitrolles.

Les proches de Philippot et membres de sa toute nouvelle association parallèle au FN, « les Patriotes », n’ont pas brillé non plus. Sa vice-présidente, Sophie Montel, est devancée de plus de 13 points par le candidat LREM dans le Doubs. L’autre vice-président de l’association, Maxime Thiebaut, qui avait lâché Dupont-Aignan pour rejoindre le FN, n’est pas parvenu à se qualifier dans la Saône-et-Loire. Philippot lui-même va avoir le plus grand mal à l’emporter en Moselle.

La situation n’est pas beaucoup plus avantageuse pour Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Le Pen, ni pour Philippe Olivier, beau-frère de celle-ci. Le FN réussit ses meilleurs scores dans les circonscriptions où il a déjà des élus locaux (ainsi dans le Pas-de-Calais, les quartiers Nord de Marseille, l’Hérault), ce qui confirme la tendance que l’implantation locale permet au FN de se fabriquer une clientèle électorale fidèle.

Mais un danger loin d’être écarté

Cette déconvenue électorale pour le FN est une bonne nouvelle. Car outre la constitution d’un groupe parlementaire, cela aurait signifié encore plus de moyens financiers et médiatiques pour le parti d’extrême droite, et donc un renforcement de sa capacité de nuisance.

Cela va sans doute encore accentuer la crise interne au parti et les règlements de compte entre ses différentes factions qui vont chercher à se renvoyer la balle de l’échec, mais aussi relancer les discussions sur la recomposition avec des franges de la droite qui n’auront pas fait allégeance à Macron.

Cet échec ponctuel sonnera peut-être le glas de la toute-puissance du clan Le Pen mais ne présage en rien des capacités de rebonds de l’hydre fascisante. Car rien ne fera mieux reculer fondamentalement et durablement le danger que représente l’extrême droite pour notre camp social que notre capacité collective à faire échec au programme antisocial et destructeur du clan Macron.

Marie-Hélène Duverger