Publié le Jeudi 11 septembre 2014 à 20h45.

FN : vouloir et pouvoir...

On n’a pas besoin d’être superstitieux pour croire que le chiffre 13 porte malheur à François Hollande : 13 % d’opinions positives, c’est le seuil historiquement bas auquel était parvenu le président de la République le week-end dernier. Mais la nouvelle à sensation, c'est le sondage, publié fin de semaine dernière par le Figaro Magazine, qui voit Marine Le Pen arriver en tête du premier tour d’une élection présidentielle, cela quelles que soient les autres candidatures...

En revanche, elle serait battue au second tour… sauf dans l’hypothèse où elle ferait face à François Hollande, face auquel la chef du FN est donnée gagnante ! Depuis plus d’une semaine, depuis la rentrée politique de fin août et le récent remaniement ministériel, Marine Le Pen ne cesse de réclamer bruyamment une dissolution de l’Assemblée nationale. Elle y ajoute, à longueur d’interviews et de discours, qu’elle serait « prête à gouverner » et même à occuper le poste de Premier ministre sous François Hollande. Afin de ne pas laisser croire que son parti se serait adouci politiquement et envisagerait des alliances pacifiques avec l’« UMPS », elle précise que le scénario envisagé serait bien celui d’une cohabitation très conflictuelle. Ainsi, elle dessine l’image d’un François Hollande qui serait réduit à « l’inauguration des pots de fleurs et aux commémorations », ajoutant que « Il se soumettra ou se démettra »...

Que du blabla ?Tout cela n’est évidemment que discours. En dehors même de la question de la probabilité ou non du scénario d’une dissolution, il n’est pas vraisemblable que le FN, qui n’a pas d’allié parmi les principales forces politiques et se situe toujours en rupture avec la droite « classique » conservatrice et libérale, puisse conquérir une majorité de sièges avec ces institutions. Surtout, si le parti d’extrême droite pouvait trouver quelques noms de ministres parmi ses dirigeants, il serait bien incapable d’aligner toute une brochette d’« experts » et hauts fonctionnaires nécessaires pour occuper des postes de secrétaires d’État, directeurs de cabinet, conseillers, etc.En dehors des difficultés énumérées, il reste un autre problème à résoudre pour Marine Le Pen. Si, sur certains sujets, il existe bel et bien une adhésion d’une partie de la société française à ses « idées » (34 % se disent « souvent d’accord » avec celles-ci, dans un sondage publié le 30 août), elle varie fortement en fonction des sujets. Le principal blocage persiste sur la question de « la sortie de l’euro » – seuls 14 % se disent d’accord –, alors qu’elle est plus forte sur la « laïcité », que Marine Le Pen réinterprète dans un sens uniquement anti-musulman (47 % d’accord) ou sur « l’insécurité » (54 %).Notons qu’au même moment, le FN a encore pris une nouvelle initiative sur le terrain économique et social, lançant le collectif « Audace », dimanche 7 septembre. Il s’agit d’organiser des « jeunes actifs » (après les collectifs destinés aux enseignantEs et aux étudiantEs, « Racine » et « Marianne »), afin de nourrir le programme économique du parti et de renforcer l’ancrage dans la société civile.Le fond du programme reste inchangé, la chef du FN mettant toujours en avant l’arrêt de l’immigration et « la priorité nationale ». Toutefois, le discours actuel de Marine Le Pen a son importance : il s’agit de marteler, encore et encore, ce message que le FN est aujourd’hui devenu une force politique de premier plan et « vraiment » candidat au pouvoir. Cette ambition-là est bien réelle.

Bertold du Ryon