Leur « République » était devenue kaki. On découvre combien elle devient aussi bleu marine...
De la couleur de l’Assemblée nationale quand elle a voté la prolongation de l’état d’urgence et le bombardement de la Syrie, extrême droite, droite et gauche confondues. De la couleur de toutes les mesures de Hollande et Valls depuis des semaines, interdisant les manifestations, fermant les frontières, multipliant les assignations à résidence. Il n’y a plus de temps à perdre, il faut nous mettre en état d’urgence.
Le FN a obtenu plus de 6 millions de voix. Électoralement il est effectivement le premier parti du pays, notamment dans la jeunesse. Il aura des éluEs dans tous les conseils régionaux, avec ce que ça signifie en termes de ressources et d’implantation dans tout le pays. Avec ce que ça signifie en termes de pénétration au sein de l’appareil d’État, de sa police, de son armée, de ses hauts fonctionnaires. Calais est emblématique des conséquences sur le terrain. Ces dernières semaines, il y a eu chaque jour des agressions contre les migrantEs ou leurs soutiens, la police y est de plus en plus violente. C’était avant les 50 % obtenus par le FN sur la ville, avant que les racistes et fascistes se sentent en pleine légitimité.
Il faut appeler un chat un chat : le principal danger en France est la progression du fascisme. Ça ne date pas d’aujourd’hui mais il faut arrêter de lui donner une légitimité, en faisant sa politique, en lui laissant tribune après tribune. Sont considérés comme hystériques ceux et celles qui tentent encore de lui interdire nos quartiers. Les 6 millions d’électeurs du FN ne sont, heureusement, pas encore tous et toutes des fascistes... Mais ce ne sont pas des crétins, ils savent pourquoi ils votent : le racisme, le nationalisme...La réponse du PS est indécente. Ainsi, contre le FN, il faudrait voter pour Estrosi, celui qui parle d’invasion à propos des musulmans en France et veut plus d’armes pour la police... Et disons-le, la direction du Front de gauche capitule : en acceptant de fusionner ses listes avec celles du PS, elle prolonge ses votes à l’Assemblée en faveur de l’état d’urgence ou des interventions militaires.
L’unité, oui !
Il y a extrême urgence à unir contre le danger. Sans sectarisme mais sans concession pour permettre à tous ceux et celles qui ont peur de ce qui est en train de se passer de reprendre confiance et de relever la tête. Le fascisme progresse par deux bouts : l’évolution des politiques dominantes et la progression du FN en tant que parti. La riposte doit donc se faire en unissant ces deux aspects. Unissons-nous contre l’état d’urgence, contre le racisme et l’islamophobie, la guerre et l’austérité. Dans chaque quartier, chaque lieu de travail, il faut unir ceux et celles qui se battent, pour faire grève, pour soutenir les réfugiéEs et les sans-papiers, contre les violences policières, autour d’un campement de Roms, etc. Et cette unité doit être utilisée comme un bélier pour faire front à chaque tentative d’apparition des fascistes. Rassemblons les forces qui se trouveront sur ces bases, donnons leur une visibilité.Le FN progresse dans les profondeurs de la société mais il reste encore principalement un phénomène électoral. Ce n’est pas sur ce terrain que nous sommes, aujourd’hui, plus forts que lui. Il faut s’appuyer sur tous les secteurs qui, comme à Air France, comme les manifestantEs contre la COP21 ou en solidarité avec les migrantEs, ont montré leur disponibilité au combat. Lieux après lieux, nous pouvons reprendre le terrain au FN et à ses idées, à condition de parler et d’agir clair. Sur cette base, il faudra construire une représentation politique de tous ceux et celles qui prennent les coups. L’alternative des sans-dents, des sans-voix, des sans-culottes. No pasaran !
Denis Godard