« Bien sûr, le FN est le premier parti de France », affirme, péremptoire, Florian Philippot ironisant sur les listes hétéroclites de la droite. « Je veux bien que l’on ajoute des choux et des carottes : UDI, divers droite... Mais les partis traditionnels enregistrent des reculs terribles malgré des implantations locales »...
Un nouveau coup de bluff pour masquer que Marine Le Pen n’a pas atteint son objectif. Mais il n’en reste pas moins que la menace bleu marine continue de gagner du terrain.
Une dynamique renforcée ?Valls bluffe tout autant pour s’attribuer le mérite... que l’UMP soit devant le FN ! Quel lot de consolation pour un Premier ministre dont la campagne, paniquée comme toute sa politique, n’a fait qu’aider le FN. « Chef de campagne, meneur d’un clan même, Manuel Valls doit maintenant écouter le message des urnes et avoir la décence de présenter sa démission au président de la République », rétorque Marine Le Pen qui vante « l’exploit » de son parti.25 % des voix, c’est « la confirmation, dit-elle, de la fin d’un Front national capable de faire de bons scores aux élections nationales et qui avait du mal aux élections locales. C’est terminé. L’implantation locale des municipales a permis les résultats de ce soir. Et les résultats de ce soir feront ceux des régionales. » Qui elles-mêmes... Marine Le Pen poursuit sa stratégie, créer une dynamique pour bluffer et subjuguer l’électeur désorienté sans autres perspectives, et rendre crédible l’idée de Marine Le Pen première en 2017.Le FN présentait 7 648 candidats dans 1 912 cantons, soit la quasi-totalité, alors que même la droite n’était présente que dans 78 % d’entre eux. Une volonté politique, une bonne affaire financière aussi grâce au remboursement des frais électoraux par l’État.Au soir du 1er tour, le FN compte 4 binômes élus : Fréjus (Var), Le Pontet (Vaucluse), Eurville-Bienville (Haute-Marne) et Vic-sur-Aisne (Aisne). Il arrive en tête dans 43 des 98 départements, entres autres la Meuse, l’Aube, la Moselle, le Bas-Rhin, en Haute-Marne, les Ardennes, la Haute-Saône, le Doubs, l’Ardèche, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales, l’Aude, le Lot, le Lot-et-Garonne, la Vienne, la Sarthe, le Loir-et-Cher. Dans le Vaucluse, il culmine même à 40 % des suffrages.
UMP-FN : le bras de fer continue...Et pour alimenter la dynamique, Philippot se réjouit par avance du deuxième tour : « L’UMP sera noyée dans son “ni, ni”, le PS dans ses tambouilles. Nous on parlera de fond, on parlera de la survie des départements, de l’austérité qui va frapper les politiques familiales, de l’interdiction du voile dans les crèches ». Il retourne en sa faveur le jeu politicien de Valls et Sarkozy, l’un se drapant dans la morale pour appeler au front républicain alors que l’autre n’a qu’un souci : mettre un cordon sanitaire entre l’UMP et le FN. « Aucun accord avec Mme Le Pen, ni local, ni départemental, ni régional, ni national », proclame-t-il, tout en l’accusant, sans rire, d’avoir un programme économique d’extrême gauche ! Sarkozy, c’est Le Pen sans la démagogie sociale.Valls accrédite la dénonciation UMPS faite par le FN, et Sarkozy se fait le meilleur défenseur des préjugés réactionnaires flattés par le FN, les banalise et les justifie. Les deux nourrissent la dynamique bleu marine, et le FN peut se frotter les mains. Après le deuxième tour, ce sera l’élection des présidents de département. Dans le Vaucluse, le Var, le Nord, le Pas-de-Calais, l’Oise et l’Aisne et d’autres départements, le FN aura les moyens « de foutre la merde au troisième tour, lorsqu’il faudra constituer des majorités. Si on peut exploser l’UMP à ce moment, on le fera », dixit un dirigeant du FN...On le voit clairement, seules l’intervention directe des travailleurs, des jeunes et de la population pourra enrayer cette dangereuse logique.
Yvan Lemaitre