Publié le Mercredi 2 décembre 2015 à 17h14.

Gattaz, PS, un dernier coup de main au FN

Gattaz aurait voulu donner un coup de pouce au FN qu'il ne s'y serait pas pris autrement qu'en plaçant le programme économique du FN, son “seul problème”, au centre du débat des régionales. Pervers, Gattaz fait semblant d'attaquer le FN pour mieux agresser la gauche en expliquant que « le programme de Mme Le Pen rappelle étrangement le programme commun de la gauche de 1981 » et reprendre à son compte la vieille pratique de l'amalgame, « Le Pen – Mélenchon, même combat ».

« Le seul problème »...

Gattaz cherche ainsi à semer ma confusion, à banaliser l’extrême droite tout en, fermant les yeux, voire en approuvant la politique réactionnaire, antiouvrière, raciste et nationaliste bien conscient que le FN saura, si nécessaire, adapter sa politique aux desiderata des patrons et de la finance si ces derniers ont besoin de lui. Et au passage il appelle « la droite et la gauche classique » à faire « leur révolution culturelle » pour mettre l’entreprise, les capitalistes, au cœur de leur logique afin que les « alternances politiques soient plus sereines pour les entreprises et leurs salariés ». Autrement dit, changez de gouvernement si vous voulez, mais c’est nous qui aurons le pouvoir !

C'est bien là son seul problème !

Et Marine Le Pen saute sur l'occasion pour faire valoir son parti et donner des gages au patronat. Le patron du Medef «a eu la chance d'exprimer son point de vue dans un grand quotidien, nous aimerions avoir la chance de nous défendre».  Et de répondre «Dans notre programme, il n'y a pas de retour de la retraite à 60 ans mais une retraite pleine lorsqu'on a cotisé 40 ans. Il n'y a pas non plus de hausse de 200 euros du SMIC mais une baisse des cotisations sociales des bas salaires compensé par une hausse de 3% des taxes à l'importation». Le FN se défend aussi ne ne pas prendre en compte la compétitivité des entreprises justifiant la sortie de l'euro : «retrouver une monnaie nationale est justement un élément central pour redonner de la compétitivité à nos entreprises par rapport à leurs concurrentes étrangères»...

Le piège...républicain...

Les dirigeants du PS n'ont pas voulu être en reste. Dans la dernière ligne droite d'une campagne étouffée par l'état d'urgence ils relancent leur dernier et seul argument pour attirer l'électeur : convaincre qu'ils veulent faire barrage à Le Pen en appelant au front républicain. Sarkozy bien sûr refuse. Il ne veut pas donner du crédit à la dénonciation par Le Pen de la collusion droite-gauche, UMPS...

Manuel Valls en rajoute présentant le fait d'aller voter comme une réponse aux attaques terroristes ! «Ce que je souhaite, c'est que les Français se mobilisent, qu'ils aillent voter (...). Qu'ils votent d'abord pour les formations républicaines et qu'ils fassent reculer le Front national.[...]  Je ne peux pas me résoudre à ces sondages. Le seul moyen de les faire démentir, ce sont les électeurs. J'appelle tous les électeurs de gauche, je leur dis ‘la démocratie doit être préservée'. (...) Chacun devra prendre ses responsabilités à gauche comme à droite pour empêcher le FN de gagner une région. Ce message s'adresse à chacun et pas qu'à la gauche

Quel constat d'impuissance de la part d'un des principaux responsables de la politique sécuritaire et répressive de l’État comme de la guerre et des démagogies réactionnaires qui viennent la justifier pour le plus grand profit du FN.

Yvan Lemaitre