Publié le Mercredi 15 septembre 2021 à 17h41.

À « gauche », tout le monde ne déteste pas la police

« Tout le monde déteste la police » : le slogan qui s’est largement popularisé au cours des dernières années dans les manifestations à mesure que les violences policières connaissaient un développement sans précédent, a donc été chanté et repris par le public lors du concert du rappeur marseillais Soso Maness à la fête de l’Humanité. Ni une ni deux, Darmanin et les syndicats de flics ont bruyamment protesté, exigeant des forces de gauche présentes à la fête de l’Huma, et en premier lieu du PCF, de « condamner » cette infamie.

Malheureusement, mais sans surprise, Fabien Roussel s’est exécuté, dans la continuité de sa présence lors de la manif des flics à l’Assemblée le 19 mai : « Je ne cautionne pas du tout ces propos, que je ne partage pas. Je les condamne fermement, je défends trop le métier des gardiens de la paix qui travaillent dans de si mauvaises conditions pour cautionner ce genre de propos. » On peut supposer que Darmanin et les syndicats factieux ont été satisfaits.

De toute évidence, « tout le monde » ne déteste pas la police et certains, à « gauche », n’ont de cesse de lui offrir des preuves d’amour. Le PS n’est pas en reste qui, par la voix de sa porte-parole Dieynaba Diop, a « condamné » des « propos ignominieux ». On aurait aimé autant de vigueur pour « condamner » les violences policières à répétition, dans les quartiers populaires et dans les manifestations, pour « condamner » les éborgnements, les mains arrachées, pour « condamner » l’acharnement contre la famille Traoré et le déni de justice pour toutes les victimes de violences policières.

Dans un pays où la police blesse, mutile et tue en toute impunité, dans les quartiers, les manifestations ou les rave-partys, et où de plus en plus de représentants policiers affichent ouvertement leur adhésion aux idées d’extrême droite il n’est guère étonnant que des jeunes reprennent en chœur des slogans anti-flics. C’est même plutôt sain, puisque cela montre que face au matraquage idéologique et au matraquage tout court, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui refusent de baisser les yeux. Alors à celles-ci et ceux-là, et plus généralement à toutes celles et tous ceux qui ne voient aucune raison de se soumettre à l’injonction à aimer les flics et à refuser de dénoncer la police en tant que corps répressif, nous le disons sans ambiguïté : loin de vous condamner, nous vous soutenons et sommes des vôtres !