Publié le Mercredi 4 décembre 2019 à 18h29.

Généraliser les grèves, bloquer le pays

Depuis des décennies, nous sommes confrontés à la destruction progressive de nos droits sociaux, acquis par les luttes. Le projet de contre-réforme des retraites Macron-Delevoye s’inscrit dans cette même logique. Loin de l’universalisme annoncé, il participe d’un plan global de destruction des systèmes de solidarité qui érige en modèle le chacun pour soi et l’égalité... dans la misère !

Mépriser, diviser, menacer

Aussi « droit dans ses bottes » que Juppé en 1995, le gouvernement méprise celles et ceux qui se mobilisent car ils seraient, selon Macron, ignorants du contenu de la réforme... Mais le projet est connu, et les contre-réformes du quinquennat, contre le code du travail ou les chômeurEs, ont des logiques identiques : retirer le maximum de droits et de sécurité au monde du travail, dissoudre les solidarités… pour garantir les profits des capitalistes.

Signe de sa fragilisation après le premier anniversaire du mouvement des Gilets jaunes, les mobilisations dans la santé, dans la jeunesse, contre les féminicides ou pour la justice climatique, le gouvernement fait feu de tout bois pour éteindre la contestation. Il tente de diviser les salariéEs en prétendant que celles et ceux de la RATP, de la SNCF, seraient privilégiés alors qu’ils et elles ne font que défendre leurs droits. Les régimes spéciaux compensent la dureté du travail dans certains secteurs et leur disparition pousserait à un nivellement généralisé vers le bas.

Enfin, la mise en garde de Macron concernant les violences est un signal clair que le pouvoir menace d’utiliser les forces de répression pour dissuader de participer aux manifestations, comme encore récemment avec les Gilets jaunes.

En remballant ses ballons d’essai pour désamorcer la situation – ainsi la « clause du grand-père » qui aura fait long feu –, en affichant la com’ d’un pouvoir prétendument serein mais déterminé à imposer sa réforme, le macronisme assume pleinement le bras de fer avec notre camp social.

Ni amendable ni négociable, retrait total du projet !

Calculer les pensions sur l’ensemble de la carrière, c’est partir d’un salaire de référence plus bas, donc avoir une retraite plus faible, avec aussi une valeur du point variable qui pourra donc évoluer à la baisse... Les pensions mensuelles baisseront de plusieurs centaines d’euros. Il faudra donc choisir entre s’épuiser au travail ou vivre dans la misère.

Nous devons aussi nous battre pour imposer de nouveaux droits : le retour à la retraite à 60 ans pleine et entière pour touTEs, 55 ans pour les métiers pénibles, un minimum retraite au niveau des minimas sociaux fixés à 1 800 euros net, l’égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes. Pour maintenir un système par répartition, il faut augmenter les salaires et répartir le travail : aucun revenu inférieur à 1 800 euros net, avec un temps de travail ramené à 32 heures sans perte de salaire. 

C’est possible en imposant une autre répartition des richesses et l’augmentation des cotisations patronales. Car il n’y a aucun problème de financement... pour qui veut bien faire payer les capitalistes ! Ainsi, Bernard Arnault, devenu pour le magazine Challenges « l’homme le plus riche du monde », avec une fortune estimée à 109,5 milliards de dollars, soit 99,5 milliards d’euros. Et il n’est que la partie émergée de l’iceberg indécent des fortunes accumulées sur le dos de la majorité...

Préparons l’affrontement général

On le sait, pour construire le rapport de forces qui permettra de gagner, une seule journée de grève ne suffit pas. Ce jeudi 5 décembre marque le début d’un mouvement de grève reconductible dans plusieurs entreprises et services publics, comme la SNCF ou la RATP et quelques autres. Mais pour gagner, quel que soit notre secteur, public ou privé, nous devons nous poser dès maintenant la question de partir en grève reconductible ces prochains jours contre cette énième réforme des retraites.

Cette fin de semaine peut constituer une première étape, mais il faut lui donner des perspectives d’actions et de développement durables. Articulant journée de grève et reconduction en fonction des possibilités, actions de blocages et manifestations de masse, l’enjeu est de se coordonner, en particulier en organisant des AG sur nos lieux de travail et d’études, à l’échelle de zones d’activités professionnelles, ou dans les quartiers, autour des ronds-points... 

Cette grève s’inscrit dans une mobilisation plus globale, une coagulation des colères contre le macronisme libéral et autoritaire, et qui doit mettre en mouvement toute la société. TravailleurEs, syndiqués ou non, Gilets jaunes, habitantEs des quartiers populaires, chômeurEs, étudiantEs... une convergence des combats, des espoirs, est nécessaire mais aussi possible aujourd’hui : construire un mouvement d’ensemble – s’appuyant sur une grève générale jusqu’au retrait de la réforme – pour en finir avec Macron et son monde.