Publié le Mercredi 24 septembre 2014 à 10h10.

Gouvernement - Medef : entre provocations et surenchères

Emmanuel Macron s’est platement excusé de ses propos scandaleux au sujet des salariées des abattoirs Gad placés en liquidation judiciaire : « il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. » Les excuses ne coûtent pas cher, et surtout elles n’effacent pas le fond, le mépris, un réflexe qui imprègne les classes dominantes comme leurs serviteurs politiques.

Ces gens pratiquent ce mépris avec brutalité, même quand ils ne parlent pas des « sans-dents » et emploient des termes plus mesurés.

Leur « infinie bienveillance »...Macron a été bêtement maladroit mais que dire des discours et des actes de Valls, de Hollande, Gattaz et leurs amis… Que dire de ces discours qui pratiquent systématiquement un double langage cynique et méprisant. Quel mépris que les élans de Valls dans son discours à l’Assemblée parlant des souffrances du peuple pour vanter son « infinie bienveillance », cela alors que sa politique n’a qu’une obsession : servir les classes dominantes, l’austérité, les cadeaux aux entreprises. Quel mépris que ces 26 centimes d’augmentation par jour du minimum vieillesse !Tous leurs discours sont marqués du sceau de la duplicité, du double langage d’une politique qui prétend correspondre aux intérêts de l’ensemble de la population, alors qu’elle ne sert que les intérêts des patrons et des banques.

« Jusqu’au bout »Les propos tenus par Hollande lors de sa quatrième conférence de presse en sont l’illustration. Il n’avait rien à dire ni à annoncer, si ce n’est faire le service après-vente de la politique défendue par Valls à l’Assemblée. Pour tenter de combler le vide, il a pris la pose du chef des armées et du père de la Nation. « Mon premier devoir, c’est d’assurer la sécurité de la France » alors que « l’Europe, le monde, sont menacés », justifiant la participation de la France à la troisième guerre d’Irak.Des discours creux plein de complaisance à son propre égard, exercer le pouvoir : « c’est pas facile », « c’est dur »... Mais il entend bien s’y accrocher. Pas d’inquiétude à avoir sur la stabilité à la tête de l’État, Hollande ira « jusqu’au bout ». Pas de dissolution ni de démission en vue, et s’il évite le ridicule d’annoncer sa candidature pour 2017, il ne pense qu’à ça, les charmes et les attraits du pouvoir…Mais cela n’empêche pas le monarque républicain de voir dans l’affaire Thévenoud « une blessure faite à la démocratie », en fait une égratignure au regard de sa propre démarche ! Et le même de justifier sa politique au service des possédants. Le soutien à la compétitivité est « irrévocable ». Les résultats « tardent à venir. Je le sais, je le vois. Ils viendront […], j’espère avant 2017 », disant faire « tout ce qu’il doit » pour « que la France retrouve ses forces » et « que les Français vivent mieux ». De qui se moque-t-il ? « Je serai président jusqu’au bout. Je n’ai pas d’autre objectif. […] Mon seul devoir, c’est la France », c’est-à-dire ceux qui y détiennent le pouvoir économique et financier.

La brutalité des patronsLe ton patelin et pleurnichard de Hollande n’est là que pour vendre la politique du patronat que le vieux renard Gattaz exprime sans détour. « Notre modèle social a vécu, il n’est plus adapté », il y a « des freins à l’embauche que l’on peut faire sauter sans que cela coûte un centime ». « Autoriser le travail le dimanche et après 21 heures, sur volontariat, quand une entreprise le demande par exemple. Je ne dis pas que cela doit devenir un jour normal, mais les modes de vie changent. Si certains de nos salariés veulent travailler entre 21 heures et minuit et gagner plus, qu’on les laisse faire »...« Aujourd’hui, les 35 heures appliquées de manière uniforme, ce n’est plus d’actualité », affirme-t-il avant d’ajouter : « Je ne dis pas qu’il faut travailler 48 heures par semaine. Mais si des sociétés ont besoin de travailler 40 heures et d’autres 32 heures hebdomadaires, il faut les laisser s’organiser. »Il faudrait aussi « fluidifier le marché du travail » en « intégrant les nouveaux modes de vie ». En finir avec le SMIC, supprimer deux jours fériés... le patronat ne manque pas d’idées pour aménager la vie des salariéEs au gré des nouveaux modes de vie.Gattaz veut en finir avec le « conservatisme. [...] Les mots interdits, les tabous, ça suffit. » Oui, pas de tabou : parlons ouvertement et sans détour de la nécessaire lutte de classe contre le vieux monde de la grande bourgeoisie et de ses larbins politiciens !

Yvan Lemaitre