Publié le Jeudi 16 octobre 2014 à 08h49.

Gouvernement : résolument antisocial

En français puis en allemand et désormais en anglais, Valls, VRP du social-libéralisme, clame à tout va son amour de l’entreprise et du business. En ligne de mire, les droits des salariéEs, car, après avoir baissé le « coût » de travail via le Pacte de compétitivité, il s’agit d’offrir toujours plus de flexibilité aux patrons.

Face aux dirigeantEs de la cité (la City, of course), il a déclaré que la question de l’assurance chômage devait être reposée, tant sur le montant que sur la durée des allocations. Oubliée donc la déclaration du candidat François Hollande en 2012 qui considérait que « ce n’est pas ceux qui sont les victimes qui doivent aujourd’hui être les responsables ». Omis aussi le fait que les règles de l’indemnisation chômage sont définies paritairement et qu’une nouvelle convention, des plus régressive, vient d’entrer en application.Dans la perspective de la réforme imminente du travail dominical, le Premier ministre s’est aussi vanté que la France allait piquer des clients à l’Angleterre, qui ouvre elle ses magasins ce jour-là de longue date (merci Thatcher...). Enfin, il estime qu’il faut aller plus loin sur la réforme du marché du travail, alors que l’ANI de 2013 n’en finit pas de produire ses dégâts.Somme toute, il s’agit de se mettre à l’heure anglaise, qui a instauré le contrat de travail zéro heure (le salarié est amené à travailler quand son patron le décide) ou allemande, avec les mini-jobs payés une poignée d’euros.

Good cop, bad copRebsamen n’est pas en reste : ce dernier avait déjà suscité un tollé il y a quelques semaines en stigmatisant les chômeurs. Dans une interview à bâtons rompus au journal bourguignon le Miroir, finalement dépubliée à sa demande mais toujours disponible sur le net, le ministre du Travail déclare : « Je me bats depuis longtemps pour une vision libérale de l’économie ». Sa vision ? Le développement de l’apprentissage conçu comme une main-d’œuvre bon marché pour le patronat, le flicage des chômeurs, l’extension du travail dominical, et la remise en cause des seuils sociaux. Et Macron vient de lui emboîter le pas, lui qui avant d’être intronisé, remettait en cause les 35 heures : pour le ministre de l’Économie, sur l’assurance chômage, « pas de tabou ni de posture ». Non, on ne rêve pas !Ces gens-là ne sont même pas des socialistes honteux, et c’est encore moins leur inconscient qui remonte à la surface : nous sommes bien face à une orientation social-­libérale clairement assumée, qui est même prête à faire fi de la méthode du « dialogue social » promue par Hollande depuis le début de son quinquennat. Après le boycott, par une partie des syndicats, de la conférence sociale et le regain des grèves (intermittents, SNCF et Air France), le raidissement de la CFDT, principal serviteur de cette politique, combinée à l’impopularité abyssale de l’exécutif, font que celle-ci – c’est heureux – est à la peine...Les caciques du PS ont beau, eux, déclarer ne pas partager ces choix, nous les croirons quand ils voteront contre cette politique, mettant ainsi Valls en minorité. Et, à trop malmener le corps social, il se pourrait bien que celui-ci se réveille pour rendre les coups qui lui sont infligés.

LD