Publié le Mardi 2 avril 2019 à 18h57.

Grèves, manifs, blocages… Pour un printemps social

D’après le journal le Parisien, Macron serait « rincé »,« pas loin du burn out »…Une bonne partie de la jeune garde macroniste l’a déjà quitté et, sur fond d’une contestation toujours persistante avec l’Acte 20 des Gilets jaunes ou les mobilisations dans l’éducation, le pouvoir ne sait toujours pas comment sortir de son Grand débat…

On prend les mêmes et on continue...

Le mini-remaniement ministériel annoncé dimanche est une démonstration. Isolé politiquement, Macron en est réduit à faire appel aux très proches pour remplacer les partantEs… 

Ainsi, Sibeth Ndiaye, l’ex-communicante de Macron, devient la porte-parole du gouvernement : celle qui assume « parfaitement de mentir pour protéger le président » est aussi à l’origine de l’expression « pognon de dingue » utilisée par le président pour stigmatiser les minimum sociaux données aux plus démunis. Totalement à l’image du mépris macroniste. Cédric O, autre fidèle conseiller de Macron, est promu secrétaire d’État au Numérique, ainsi que l’ex-députée Amélie de Montchalin, issue de la droite juppéiste, nommée secrétaire d’État aux Affaires européennes. Un macronisme sans oxygène, au personnel politique cramé à peine moins de deux ans après son arrivée à l’Elysée.

Le pouvoir connaît bien des difficultés pour reprendre la main : le grand Blabla est officiellement terminé depuis deux ou trois semaines, et aucune annonce n’est véritablement dans les tuyaux. La feuille de route du pouvoir n’a pas changé : ne plus reculer devant les Gilets jaunes, faire payer les pauvres et l’ensemble du monde du travail. Comme le dit un ministre sous couvert de l’anonymat, « il faut du miel avant et du sel après », soit un référendum après les élections européennes et quelques mesurettes pour préparer l’opinion à des attaques importantes sur les retraites, l’assurance maladie ou la dépendance...

La fuite en avant comme seule réponse

Pris en étau entre ses soutiens d’en haut et la mobilisation d’en bas, le gouvernement entend accélérer sa politique de casse sociale. La privatisation d’Aéroports de Paris en est un bel exemple, ainsi que le projet de loi sur la fonction publique présenté mercredi dernier en Conseil des ministres : recours aux contractuels et aux contrats tous azimuts, fusion et restriction des instances de dialogue social, « détachement d'office »... Une attaque en règle qui s’inscrit parfaitement dans l’objectif maintenu de supprimer 120 000 postes d’ici à la fin du quinquennat. Sans oublier les ballons d’essai concernant le recul de l’âge de départ à la retraite, contraire à toutes les promesses de campagne du candidat Macron…

Et la répression continue pour dissuader toutes résistances : les « forces de l’ordre », confortées par la loi anti-manif récemment votée, sont là pour s’en assurer. Mais le cas de Geneviève Legay, cette militante d’Attac de 73 ans grièvement blessée par la police lors d’une charge violente durant l’Acte 19 à Nice, devient un nouveau problème politique. Après bien des mensonges, la responsabilité de la police est bel et bien engagée, mais le policier directement mis en cause indique avoir agi « dans le strict respect des ordres donnés par sa hiérarchie »… Dehors Castaner le castagneur !

Et ce ne sont pas les interdictions de manifester (avec leur pluie d’amendes injustifiées), les milliers de contrôles préventifs, les centaines de condamnations à de la prison, les éborgnements ou les mains arrachées… qui mettront fin à la mobilisation. 

C’est le moment !

Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes mi-novembre, Jupiter-Macron a perdu de sa superbe et a été contraint à un premier recul début décembre, largement trompeur. Il faut donc continuer à frapper ensemble.

Samedi dernier, des manifestations ont mobilisé, dans tout le pays, des dizaines de milliers de parents et d’enseignantEs contre le projet de loi Blanquer, bien mal baptisé « école de la confiance ». Et après une première journée de grève nationale mardi 19 mars, les salariéEs de l’Éducation nationale seront massivement en grève jeudi 4 avril, en particulier dans les écoles primaires. D’ores et déjà, des reconductions ont eu lieu dans différents établissements du premier comme du second degré (ainsi Paris en grève jeudi dernier). Il faut dire qu’entre la casse du service public et une caporalisation sans précédent, ce projet de loi sur l’école synthétise parfaitement tout ce que ce gouvernement nous promet pour les prochains mois…

Et pendant ce temps, la saignée des licenciements continuent : dans la Sarthe, Arjowiggins (800 salariéEs) ; Castorama et Brico Dépôt (11 magasins menacés) ; Carrefour (1300 suppressions d’emploi pour cette année)… Tout cela sans oublier la fermeture des usines de l’automobile (Ford Blanquefort, PSA Saint-Ouen et PSA Hérimoncourt) ou encore Bosch à Rodez...

Alors que l’Acte 21 se profile, le monde du travail doit saisir sa chance. Construire la grève, la reconduire là où c’est possible (en particulier dans l’éducation nationale, mais aussi dans d’autres secteurs comme les finances publiques aussi en grève à plusieurs reprises durant le mois de mars), converger avec les Gilets jaunes qui se réuniront à Saint-Nazaire le week-end prochain… Les possibilités de faire naître un printemps social et de faire reculer Macron existent : il faut s’en saisir !

Manu Bichindaritz