Publié le Vendredi 3 juin 2016 à 10h18.

Hollande-Valls-Macron : Association de malfaiteurs

Face à l’amplification de la mobilisation contre la loi travail, le gouvernement ne semble plus être à l’unisson. En effet, entre ceux qui veulent aller plus loin dans la destruction des droits sociaux, ceux qui restent droits dans leurs bottes et ceux qui, en bons tacticiens, essayent de trouver une porte de sortie, le gouvernement est plus que jamais fragilisé.

Sans surprise, Valls multiplie les messages d’autorité, réaffirmant sur toutes les ondes qu’il n’y aurait pas de retrait de la loi travail. Et face à l’opposition de la rue et de certainEs au Parlement, il est même « prêt à utiliser de nouveau le 49-3 » en bon démocrate qu’il est... Face aux hésitations au sein de l’exécutif, il est prêt à apporter des « améliorations » mais « hors de question de changer le cadre » du texte, ni même « de modification de la philosophie du texte ».Et pour être encore plus clair dans la cacophonie ambiante, le député da Silva très proche de Valls, a réaffirmé également que « la philosophie du texte ne bougera pas. Il peut y avoir des améliorations sur quelques articles, pas sur l’article 2 », remettant ainsi au pas ceux qui, au gouvernement mais aussi au Parlement, cherchent une porte de sortie en proposent de réécrire l’article 2 qui inverse la hiérarchie des normes.

En effet, depuis la manifestation du 26 mai qui a vu la mobilisation s’amplifier avec l’entrée de différents secteurs en grève, des voix critiques se sont fait entendre et pas seulement du côté des prétendus « frondeurs ». C’est Sapin, ministre des Finances, qui est l’un des premiers à avoir dégainé, indiquant que sur l’article 2 « il faut regarder tout cela. Tout cela, ce sont des sujets qu’il faut regarder dans le détail parce que le dialogue c’est ça, c’est d’être en finesse » (sic), critiquant au passage la méthode autoritaire de Valls. À cette voix se sont ajoutées celles de Bruno Le Roux, le chef de file des députés PS, et même du rapporteur de la loi, tous deux recherchant désespérément une majorité à l’Assemblée nationale...

Dérapages bien contrôlés...

Pendant ce temps, Macron continue d’affirmer son projet ultra-libéral, avec le soutien de Hollande. Et au moment même où la loi travail est très majoritairement rejetée par la population et les salariéEs, lui dans une interview aux Échos propose... de l’élargir ! « Il faudra élargir le champ de la négociation collective au niveau de l’entreprise à d’autres domaines », plaide le ministre de l’Économie, suggérant d’y ajouter la question des salaires pour aller vers leur diminution. Car pour Macron, les salariéEs seraient trop payés, son objectif étant d’aller vers la « modération salariale ». Alors que le pouvoir d’achat des salariéEs ne cesse de régresser depuis des années, que la précarité n’a jamais été aussi importante, Macron, au lieu de s’occuper des salaires des patrons et des dividendes des actionnaires, n’a qu’un seul objectif : faire les poches des plus pauvres !

On pourrait penser qu’avec cette nouvelle saillie, Macron fait cavalier seul. Mais le Parisien nous apprend que cette interview a été relue et corrigée par Hollande lui-même. À quoi jouent donc les uns et les autres ? Au petit jeu de chaise musicale du pouvoir. Car que ce soit Valls, Macron ou Hollande, tous ces gens n’ont qu’une seule obsession : 2017, et peut-être même au-delà.Bien au contraire, notre obsession est de les faire reculer, que cette loi soit retirée dans sa totalité et que ce gouvernement dégage, enfin !

Sandra Demarcq