Publié le Vendredi 10 décembre 2010 à 10h44.

Hommage à Claire Villiers

Notre camarade Claire Villiers est décédée le vendredi 3 décembre. Elle a marqué l’histoire sociale, syndicale et politique de notre pays. D’abord au travers de son engagement syndical en tant que dirigeante de la CFDT-ANPE et de la gauche CFDT bataillant contre le libéral-syndicalisme de la direction confédérale de la CFDT où elle a eu également un investissement important dans la région interprofessionnelle Île-de-France. Comme responsable syndicale, elle a eu un rôle décisif dans la construction du mouvement « Agir ensemble contre le chômage ». Salariée de l’ANPE, responsable CFDT, elle devint porte-parole du mouvement des chômeurs. Elle était reconnue pour son humanisme, son inflexibilité face à l’injustice et à l’exclusion sociale. Le mouvement des chômeurs a surgi en 1994 avec la marche nationale qui a traversé le pays, puis les marches européennes et le mouvement de l’hiver 1997/98.Une grande partie du monde des « sans-emploi/sans-logement/sans-papiers  » a retrouvé dans ce combat sa dignité, sa verticalité, donnant quelques cauchemars aux dominants et divers gouvernements. Elle avait une capacité extraordinaire à faire réfléchir les gens ensemble, à les mettre en mouvement.

Claire était également extrêmement attachée à l’unité syndicale, au caractère interprofessionnel du syndicalisme et était viscéralement internationaliste et féministe.Lors de la rupture de la CFDT-ANPE avec la confédération CFDT, elle participa à la construction du SNU-ANPE au sein de la FSU devenant ensuite SNU-Pôle emploi. Claire, avec quelques autres, a décidé d’investir son expérience sociale et syndicale dans la sphère politique, en participant à un regroupement politique, l’Alternative citoyenne. Élue conseillère régionale puis vice-présidente de la région, chargée de la démocratie régionale, elle était de nouveau candidate aux régionales mais sa sensibilité issue du mouvement social a été broyée par les tractations finales d’appareil entre le PCF et le Parti de gauche. Elle en avait ressenti une certaine amertume. La disparition de Claire laisse un grand vide. Nous avions des désaccords, des débats politiques en particulier concernant la présence de « représentants » du mouvement social dans les institutions, les alliances de gestion avec le PS. Avec Claire disparaît une représentante de ce catholicisme social qui tendait à l’expression d’une sorte de « théologie de la libération à la française ».Comme disent les camarades latino-américains : Claire présente ! Nous la continuons dans nos luttes.