Publié le Lundi 6 janvier 2025 à 15h00.

Insee : La question qui fâche

Nous, c’est nous ; nos parents, c’est nos parents ! Pourquoi ne pas répondre à la nouvelle question du recensement sur leur pays de naissance. Le 20 décembre dernier, CGT, LDH, MRAP, FSU et Solidaires alertaient sur une nouvelle question introduite dans le recensement de janvier 2025, qui demande à chacune et chacun de donner le pays de naissance de ses parents nés à l’étranger.

Tout en incitant à répondre au recensement, ils appellent à ne pas répondre à cette question précise. Question inutile, question dangereuse, disent-ils. Effectivement !

Des statistiques pour quelles politiques publiques ?

De plans de « lutte contre le racisme » à plans de « lutte contre les discriminations », l’absence de toute politique publique est flagrante. S’il fut un temps où ne rien faire allait de pair avec « la création d’une commission parlementaire », aujourd’hui on en appelle à « produire des statistiques ». Et, depuis vingt ans, on en produit des statistiques, souvent de grande qualité, qui mettent des chiffes sur les inégalités de traitement que vivent les précaires, les défavoriséEs, les damnéEs de la terre. De grandes enquêtes mettent en relation la couleur de peau et la religion déclarée par les gens avec leur situation vis-à-vis de l’emploi, l’éducation, le logement… Et puis, rien en termes de politiques publiques.

Cette fois, ce ne sont plus des chiffres d’enquêtes qui sont à l’agenda. Il s’agit d’enregistrer dans le recensement une variable d’identité pour chacune et chacun. Ce ne sont pas notre date de naissance, notre lieu de naissance, notre nationalité, notre sexe/genre… mais d’où viennent nos parents.

Les obsessions de l’extrême droite

L’assignation à perpétuité d’une identité étrangère est au cœur de la vision de l’extrême droite, et la prise de position des cinq organisations qui nous alertent le rappellent en citant le président du RN. Obsession des origines aussi avec l’exemple d’un article de la République du Centre qui titrait fin 2022 : « Y a-t-il 47 % de jeunes de moins de 18 ans d’origine étrangère à Orléans, comme l’affirme la démographe Michèle Tribalat ? ».

Rien de permet de penser que les comptages de l’origine géographique des parents serviront à des politiques publiques que les chiffres accablants déjà disponibles ne provoquent pas… Tout montre que les disciples de la théorie du « grand remplacement » qui serait à l’œuvre y alimenteront là leurs messages de haine.

Merci aux cinq organisations de nous avoir alerté. Localement, et d’abord dans les quartiers qui seront visés demain par la propagande d’extrême droite, informons les personnes du danger de la question, incitons-les à ne pas y répondre. Le combat contre les idées d’extrême droite est aussi là.

Denis