Parmi les premières mesures de Macron, il y avait la suppression de l’essentiel de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la mise en place du « prélèvement fiscal unique » (PFU) qui a accordé aux revenus du capital une fiscalité « low cost » par rapport aux salaires. Deux mesures clairement favorables aux riches, mais justifiées par un raisonnement emberlificoté et faux-cul : avec cet argent, les hauts revenus vont investir et tout ça va « ruisseler » vers l’économie et des emplois vont être créés. Le NPA et d’autres avaient expliqué que tout ça était du vent destiné à justifier des mesures injustes. En septembre 2017, un économiste spécialiste de la fiscalité, Gabriel Zucman, français chercheur et professeur aux USA (pas le profil du gauchiste), écrivait que « si les revenus du capital sont moins taxés, alors tous ceux qui sont à la fois salariés et actionnaires de leur entreprise — patrons, entrepreneurs, cadres dirigeants et indépendants — ont intérêt à percevoir le fruit de leur labeur sous forme de dividendes plutôt que de revenus salariaux, siphonnant ainsi les recettes de la Sécurité sociale et de l’État ». Et Zucman disait que cet effet avait déjà été observé en Finlande et aux USA.
Face aux Gilets jaunes, Macron avait refusé de céder d’un pouce mais avait annoncé une « évaluation objective » de l’ISF sur la base de laquelle il s’engageait « à apporter toutes les modifications et corrections nécessaires ». Eh bien l’évaluation est arrivée. Avec comme conclusion : il est trop tôt pour donner des résultats mais ça va dans le bon sens car le capital est « fortement » taxé en France ! C’est tout bon pour Macron qui a un prétexte pour ne rien changer.
Où est allé l’argent ? Comme prévu, les riches se sont enrichis : ainsi pour l’ISF, le gain moyen d’un ménage concerné est de 6 500 euros par an, mais beaucoup plus pour les plus fortunés. Il n’y a pas de flux visible vers des investissements dans les entreprises. Donc, pas de ruissellement.
Mais on apprend dans le rapport que les dividendes versés en 2018 sont passés à environ 22 milliards d’euros contre un peu moins de 14 milliards en 2017. Comme l’avait prévu Zucman, une partie de ce que les dirigeants se versaient sous forme de salaires semble s’est métamorphosée en dividendes. Du coup, les contribuables concernés ont payé un peu plus de PFU que prévu (mais moins d’impôt sur le revenu) et moins de prélèvements sociaux. Pour expliquer le déficit de la Sécu, le gouvernement met l’accent sur les « cadeaux » faits aux Gilet jaunes. Et fait l’impasse sur les conséquences de l’instauration du PFU. D’après Marianne, le manque à gagner maximum pour la Sécu serait de près de 2 milliards d’euros !