Publié le Jeudi 29 mars 2018 à 09h26.

La démarche unitaire du NPA : en soutien aux luttes, sans calculs politiciens

Le 21 mars, une conférence de presse inédite était organisée à Paris, rassemblant des représentantEs de 12 organisations de gauche, en soutien à la mobilisation des cheminotEs et, plus généralement, en défense des services publics. Cette conférence de presse concrétisait la démarche unitaire entreprise par le NPA au cours des dernières semaines : une démarche à propos de laquelle beaucoup de choses ont été dites et écrites, qui méritent des éclaircissements.

C’est suite au passage d’Olivier Besancenot dans l’émission « On n’est pas couché » le 3 mars, au cours de laquelle son appel à se rassembler face au « poison de la division » a connu un écho considérable, notamment via les reprises dans d’autres médias et sur les réseaux sociaux, que le NPA s’est adressé à l’ensemble des forces situées à la gauche du PS. Notre objectif ? Réaliser l’unité de ces forces pour affirmer publiquement, et ensemble, notre soutien à la lutte à venir des cheminotEs, alors ciblés de toutes parts par la propagande néolibérale, et notre volonté de défendre les services publics face à la politique de Macron. 

En soutien aux luttes, pas à la place des luttes

Une réunion unitaire s’en est suivie, à la suite de laquelle un appel a été publié, signé par 12 organisations : Alternative libertaire, EÉLV, Ensemble, Gauche démocratique et sociale, Géneration.s, Groupe parlementaire FI, NPA, Nouvelle Donne, PCF, PCOF, PG, République et socialisme. Une démarche et un appel auxquels ont refusé de se joindre nos camarades de Lutte ouvrière, et nous le regrettons, au motif qu’elle ne serait pas un point d’appui pour l’organisation, par en bas, de la lutte des salariéEs.

Il ne s’agit évidemment pas de penser que l’unité des organisations politiques de gauche, en soutien à la lutte, pourrait se substituer à la lutte elle-même. Nous savons que sans manifestations, sans grèves, il est inenvisageable de faire basculer concrètement le rapport de forces pour stopper l’offensive de Macron. Mais nous n’opposons pas pour autant l’unité politique en soutien aux mobilisations et les mobilisations elles-mêmes : la fragmentation, la division, les logiques de chapelles sont en effet un véritable boulet pour les luttes, qui ont dès lors tout à gagner à ce que les organisations politiques leur affirment leur soutien d’une seule voix, a fortiori lorsque le gouvernement tente de les isoler comme dans le cas des cheminotEs. 

Aucune arrière-pensée politicienne

Une démarche qui n’est pas nouvelle pour le NPA, contrairement à ce que certains ont voulu (faire) croire en nous accusant d’avoir des visées conjoncturelles, électoralistes ou politiciennes. Au mois de septembre dernier, nous avions ainsi déjà tenté de regrouper face aux ordonnances Macron, avec quelques succès locaux comme un meeting unitaire à Toulouse, mais sans que la mayonnaise ne prenne au niveau national. Il s’agit pour nous d’un principe : sans nier les désaccords qui peuvent exister entre les différentes organisations de gauche, le service minimum consiste à être capables de se retrouver lorsqu’il s’agit de venir en appui aux mobilisations. C’est précisément le refus de cette unité, alors qu’elle serait possible au regard des programmes de chacunE, qui témoigne bien souvent de calculs électoralistes ou politiciens. 

Aucun courant politique ne peut prétendre aujourd’hui représenter à lui seul le camp des exploitéEs, des oppriméEs, de celles et ceux qui subissent au quotidien les méfaits du capitalisme. Ils et elles le savent bien d’ailleurs, et n’attendent pas que le comité central ou le leader maximo leur disent qu’il est temps de se mobiliser. Notre démarche unitaire est un appui aux luttes, destiné à se décliner localement par l’organisation d’initiatives de soutien et de construction (réunions publiques, comités de soutien, etc.), afin de contribuer à modifier le rapport de forces politique et idéologique en faveur des mobilisations.   

L’urgence : soutenir et construire les mobilisations 

Mais une telle démarche n’implique pas que nous renoncions à défendre nos positions politiques et notre programme : il est par exemple évident pour nous que les mobilisations en cours ne pourront aboutir que grâce à un mouvement d’ensemble, qui pose la question de la grève générale, du blocage du pays, mais aussi de la légitimité de ceux qui prétendent exercer le pouvoir alors qu’ils ne représentent qu’une minorité. Ainsi, nous ne confondons pas ce front politique appuyant les luttes avec un front qui pourrait, comme on a pu le lire ou l’entendre, envisager une alliance électorale. Aussi étrange que cela puisse paraître à certains, nous ne sommes pas obsédés par les rivalités internes à la gauche et par les échéances électorales. Notre obsession est la construction des mobilisations, car nous sommes convaincus que seule la mise en mouvement des oppriméEs et des exploitéEs pourra permettre d’obtenir des victoires concrètes bénéficiant à des millions de jeunes et de salariéEs, mais aussi de faire sortir notre camp du cycle de défaites dans lequel il est enfermé depuis plus de 10 ans et redonner la confiance nécessaire pour revendiquer le droit de décider par nous-mêmes de notre quotidien et de notre avenir. 

Julien Salingue