Le capitalisme restreint l’exercice de la démocratie au seul champ institutionnel, puisqu’en l’absence de remise en cause du droit de propriété, les détenteurs des capitaux exercent une véritable dictature sur la vie économique et sociale, autrement dit sur nos vies quotidiennes...
Notre projet vise à remettre en cause cet exorbitant pouvoir des capitalistes en introduisant une véritable démocratie sociale, autrement dit en permettant que le pouvoir de la majorité de la population puisse s’exercer pleinement sans devoir s’arrêter à la porte des usines. La démocratie constitue de ce point de vue le fil rouge de notre projet de transformation révolutionnaire de la société : permettre à la majorité de la population de s’emparer du pouvoir qu’une minorité de capitalistes a accaparé.
Qu’est-ce qu’une véritable démocratie sociale ?
C’est la capacité du monde du travail à mettre fin à la dictature patronale, en imposant son contrôle sur la gestion des entreprises. Il ne peut y avoir de rupture anticapitaliste sans ouverture immédiate des livres de comptes, pour reprendre une formule traditionnelle qui implique la fin du secret des affaires mais aussi la capacité des salariéEs à accéder à la situation bancaire de leur entreprise. Il ne peut non plus y avoir de véritable changement social, sans que les salariéEs n’exercent un droit de veto sur les décisions du patronat et des conseils d’administration.
Dans le cadre d’un processus de transformation révolutionnaire, l’établissement de ce contrôle ouvrier est une absolue nécessité, dans la mesure où il est indispensable pour retirer au patronat les moyens de s’opposer aux transformations en cours. Il ne peut toutefois constituer qu’une mesure transitoire, puisqu’il ouvre un processus d’émancipation qui ne peut aller jusqu’au bout qu’en faisant progressivement place à une véritable autogestion des entreprises.
Dans les grandes entreprises expropriées, les salariéEs doivent en effet progressivement prendre le pouvoir, ce qui signifie non seulement que leurs représentants puissent remplacer les actionnaires dans les conseils d’administration, mais aussi qu’une nouvelle direction, désormais élue et révocable, soit en mesure de se substituer à l’ancien patronat. Ce processus n’a bien évidemment rien à voir avec une nationalisation, puisqu’il ne s’agit pas de placer les entreprises sous la direction d’une bureaucratie d’État, ce qui n’a jamais conduit qu’à créer un nouveau processus de domination, voire même d’exploitation.
Qu’est-ce que la planification démocratique ?
La planification constitue le processus par lequel la population décide de ce qu’elle entend produire et l’outil par lequel elle hiérarchise ses priorités d’investissement. Sa mise en place amène donc à substituer progressivement à l’actuelle économie de marché une tout autre logique économique, dans laquelle les entreprises autogérées se voient affecter des matières premières, de la main-d’œuvre et/ou des capitaux, en fonction des choix politiques effectués démocratiquement par la population.
À l’opposé des logiques de recherche du profit, la planification constitue un outil indispensable pour mettre l’économie au service des besoins sociaux. Sans planification, il ne peut par exemple être possible de réussir une véritable transition énergétique, puisqu’elle constitue l’outil indispensable pour permettre un transfert des moyens affectés à la consommation d’énergies carbonées vers les énergies renouvelables, ou encore pour rediriger vers le rail les investissements aujourd’hui mis sur la route.
Cette planification n’a rien à voir avec les économies administrées du « socialisme réel », dans la mesure où elle est démocratique, ce qui signifie que l’affectation des moyens ne relève pas des choix d’une bureaucratie d’État mais des décisions de la population. Elle suppose donc la mise en place de conseils et d’assemblées largement décentralisées, au sein desquels sont effectués arbitrages et choix économiques et sociaux.
Et nos quartiers ?
La démocratie sociale, c’est aussi la prise en main de nos quartiers par ses habitantEs. C’est à la population, et non à des technocrates ou des élus des centres-villes, de décider de ses choix d’équipement, de la mise en place et du fonctionnement des services publics. Là encore, une véritable rupture anticapitaliste ne pourra se faire sans que la population ne s’organise dans des conseils et des assemblées générales et n’impose ses propres modes de représentation et de décision.
La démocratie doit toucher l’ensemble des domaines de la vie sociale, à commencer par le logement. C’est aux locataires qu’il revient par exemple de gérer les logements sociaux, comme il revient aussi aux mal-logés de gérer collectivement l’attribution des logements vides réquisitionnés. De même, la démocratie doit s’étendre à la gestion de l’ensemble de la protection sociale, en premier lieu à la Sécurité sociale qui doit être gérée par les seuls salariéEs et leurs représentantEs.