Publié le Jeudi 5 juin 2025 à 12h00.

A69, une reprise des travaux inadmissible !

La décision de la Cour administrative d’appel de Toulouse du 28 mai de reprendre les travaux de l’A69 est un pur scandale. Rien dans le dossier du rapporteur public n’est venu modifier le fond du dossier : il n’y avait et il n’y a aucun élément qui justifie une raison impérative d’intérêt public majeur.

Aucun prétextes invoqués, désenclavement économique de Castres, diminution du nombre d’accidents, amélioration de la qualité de vie des habitantEs, ne justifient la destruction de 169 espèces protégées et de leurs habitats naturels. L’autorisation environnementale du projet avait été totalement annulée le 27 février 2025 en première instance et les travaux suspendus en attente du jugement sur le fond, qui doit intervenir d’ici quelques mois. 

Scandale écologique

À l’issue d’une instruction de deux ans, les magistrats du tribunal administratif avaient porté un coup d’arrêt salutaire à un projet inutile, destructeur et irresponsable. Aujourd’hui, le collectif La Voie est libre (LVEL) s’inquiète qu’il soit possible pour des magistrats, à peine saisis depuis un mois et demi, de balayer en une phrase les cinq pages de motifs développés par les magistrats de première instance. Par leur refus de motiver leur décision, les juges admettent implicitement que les arguments de l’État sont vides et insuffisants et que ce revirement de la justice administrative est politique. Cette décision illustre le cours nauséabond de la politique gouvernementale. Elle s’inscrit dans un retour en arrière global sur toutes les questions environnementales : relance des pesticides ; autorisation de mégabassines et de fermes géantes ; recul sur le « zéro artificialisation des sols » ; attaque contre les agences de protection de la nature. La reprise du chantier de l’A69 symbolise cet aveuglement face aux menaces qui pèsent sur le climat et la biodiversité. 

Scandale démocratique

Ce verdict accompagne une attaque frontale de l’État de droit. Le vote par le Sénat d’une loi de validation des arrêtés préfectoraux autorisant le chantier marque la volonté d’outrepasser les prérogatives de la justice en donnant le dernier mot aux parlementaires. Cette loi votée le 15 mai par la quasi-totalité des sénateurs PS présents en séance est une remise en cause directe de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance des magistrats. Si le vote des députéEs à l’Assemblée nationale le 2 juin a rejeté la proposition de loi, c’est pour mieux l’envoyer dans une commission mixte paritaire qui lui est favorable. Preuve de la nécessité du rapport de forces dans la rue ! Au-delà de l’autorisation ou non d’une infrastructure autoroutière, c’est l’équilibre général des pouvoirs qui est en jeu : un terrain d’entente entre l’extrême droite, la droite extrême et le bloc gouvernemental qui veulent affaiblir la démocratie.

Les opposantEs ont eu du mal à digérer cette décision incompréhensible, intolérable. En colère et déterminéEs, les collectifs (LVEL, Soulèvements de la Terre, Groupe national de surveillance des arbres) appellent à un évènement, la « Turboteuf », dans le Tarn du 4 au 6 juillet. Nous serons là pour réfléchir ensemble aux actions à mener si le chantier redémarre. Nous ne laisserons pas faire ce projet injuste et écocidaire.

Dominique, Tarn sud