Ravis de sortir un peu de leurs propres errements, les ténors de la droite rivalisent depuis une semaine de déclarations enflammées contre le gouvernement socialiste. Ils se réjouissent de la mort d’une certaine image morale, hier encore orgueil de la gauche au pouvoir. Mais quelle est donc la légitimité de cette droite à manifester aussi bruyamment son indignation ?Petit rappel. Depuis 30 ans, et en particulier sous les présidences de Chirac et Sarkozy, tous deux mis en examen, ce sont trente ministres ou secrétaires d’État qui ont du démissionner ou pour lesquels une information judiciaire a été ouverte après des scandales financiers de nature et d’importance diverses. Parmi eux, Alain Carignon, Gérard Longuet, Pierre Bédier, Christian Blanc, Hervé Gaymard, Christian Estrosi, Michelle Alliot-Marie, Alain Juppé, Christine Lagarde, Eric Woerth…Associés à ces noms de ministres, et à d’autres, des noms d’affaires devenus célèbres : Clearstream, Karachi, Tapie, Bettencourt. Sans parler des cigares ou des voyages en jet privé payés par les fonds publics, les vacances de luxe chez les amis dictateurs, les rapports bidons mais bien payés…L'État UMP au service du privéÀ chaque fois, il y a eu abus de biens publics, ou détournement à des fins privées – pour des logements, financement de campagnes électorales, etc. – et souvent de curieux mélanges : des combinaisons avantageuses entre soif de profit industriel et soif de pouvoir politique. Les liens entre politiques et industriels, entre élus et barons de l’industrie et des médias sont à l'évidence étroits.À titre d’exemple, fin 2009, soutenue par une campagne médiatique massive et extrêmement angoissante sur les risques d’épidémie mortelle lié s à la grippe A, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, a commandé 94 millions de vaccins à différents laboratoires pharmaceutiques. Seules 5 millions de doses ont été utilisées, l’épidémie ayant été fortement surestimée. Mais l’État a dû payer 48 millions d’euros d’indemnisation à l’industrie pharmaceutique pour les vaccins qu’il avait commandés mais qui n’ont jamais été utilisés. Un beau cadeau !Ce ne sont pas des suites d’erreurs individuelles, de « fautes personnelles inexcusables », c’est bien le fonctionnement d’un système, d’une caste au service d’une classe.Roseline Vachetta
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