Fabien Engelmann, secrétaire de section syndicale exclu tout récemment de la CGT après avoir annoncé sa candidature aux cantonales sous la bannière du FN en Moselle, voudrait relancer médiatiquement le débat sur l’indépendance des syndicats face aux partis politiques. Véritable girouette, cet ex-militant LO, puis NPA avec qui il se présentait aux régionales 2010, s’affiche aujourd’hui ouvertement au FN et attaque la CGT pour discrimination et atteinte à la liberté d’expression. Les statuts de la CGT disent cependant clairement : « Prenant en compte l’antagonisme fondamental et les conflits d’intérêts entre salariés et patronat, entre besoins et profits, elle combat l’exploitation capitaliste et toutes les formes d’exploitation du salariat. C’est ce qui fonde son caractère de masse et de classe. » Le FN serait-t-il devenu un parti ouvrier ? Depuis sa nomination à la succession de son père, Marine Le Pen tente de développer un discours « social » frontiste et personne n’ignore qu’ouvriers et chômeurs font partie de l’électorat visé par le FN, à plus forte raison en cette période de crise. À l’époque du règne du milliardaire de Saint-Cloud, cette stratégie d’infiltration dans le milieu syndical résultait du désir du FN d’intégrer le mouvement ouvrier par le biais des syndicats. Cette intrusion dans le monde syndical n’est pas nouvelle, puisque déjà dans les années 1990, à l’initiative de Bruno Mégret et Gollnish, le parti tente de créer des syndicats frontistes, interdits sur décision judiciaire. Aujourd’hui, cette tentative qualifiée d’échec stratégique par Louis Aliot, vice-président du FN, pourrait expliquer la volonté d’intégrer massivement et ouvertement les syndicats « traditionnels » pour conquérir de nouveaux membres et avaliser le prétendu discours social de l’extrême droite. Car le fond du programme politique du FN ne saurait occulter l’impossibilité d’une articulation avec un discours lutte des classes de défense des travailleurs face au patronat. Outre que le FN prône l’allègement des « charges » patronales, les retraites par capitalisation et la limitation du droit de grève, le parti de Marine Le Pen, dont elle assume la totalité de l’héritage, continue de développer une hiérarchie entre travailleurs nationaux et étrangers, qui selon le FN seraient la cause évidente du chômage et du déficit public. Cette politique de « racialisation » des problèmes sociaux par les nationalistes au travers de l’outil syndical provoque fort heureusement une réponse radicale de la CGT. Il faut souligner d’ailleurs l’offensive actuelle des syndicats, par l’exclusion d’Engelmann et la suspension immédiate de l’affiliation du syndicat de Nilvange qui continue de le soutenir, mais aussi par l’édition d’une brochure du groupe Visa1 pour dénoncer la stratégie de travestissement de la propagande de l’extrême droite. Il faut travailler à démanteler la propagande du FN en direction du mouvement ouvrier, construire une offensive politique urgente combinée à un travail de formation sur les projets nationalistes et fascisants (en France et en Europe). Cette réponse politique de masse ne doit aucunement s’établir et se focaliser autour des futures élections présidentielles mais sur les réponses de la gauche anticapitaliste face à la crise et au-delà, sous peine de se réveiller une nouvelle fois avec une gueule de bois. Hannah & Bikou1.Vigilances et initiatives syndicales antifascistes.