« C'est l'AFP, niquez-les ces fils de pute ». Suite à ce cri, lancé au mégaphone, une cinquantaine de militants d’extrême droite ont agressé physiquement une équipe de l’Agence France-Presse présente à la manifestation contre le pass vaccinal appelée par Florian Philippot le 15 janvier à Paris. Ces 50 individus étaient partie prenante d’un cortège d’environ 150 néonazis, regroupant notamment des membres de groupuscules dissous : les Zouaves Paris et Génération identitaire.
150 néonazis qui ont paradé tout l’après-midi dans Paris, avant de remettre ça, pour une bonne partie d’entre eux, le soir, lors d’une « marche de la fierté parisienne », aux flambeaux, au cours de laquelle d’autres violences ont été commises. Et le lendemain, ce sont les anti-IVG qui défilaient (probablement une troisième manif pour certains néonazis), à l’appel de la « Marche pour la vie », derrière des slogans bien réacs et anti-féministes.
Le fond de l’air est brun, et les images de dizaines de petites brutes en train de faire des saluts fascistes dans les rues de Paris, sans que cela semble choquer personne autour, ni du côté des autres manifestants ni du côté de la police, le confirment. Dans le même temps, Zemmour et Le Pen répandent leur haine dans les médias, la droite et le gouvernement font mine de s’offusquer mais leur courent après avec une surenchère raciste et sécuritaire, et du côté de la gauche on s’indigne mais on ne propose rien sinon un « bon vote » en avril 2022.
Il y a plusieurs semaines, suite — entre autres — au meeting de Zemmour à Paris et aux violences qui l’avaient entouré, Philippe Poutou lançait un appel à l’attention de toute la gauche sociale et politique : « Face au fascisme, se retrouver pour discuter concrètement d’une riposte collective ». Il nous semble en effet essentiel de prendre la mesure de ce à quoi nous sommes en train d’assister, avec un processus global de fascisation qui ne se résume pas aux seules violences d’extrême droite mais dont ces dernières sont un symptôme particulièrement visible et inquiétant.
Nous le répétons donc : campagne électorale ou pas, la gauche sociale et politique s’honorerait en se retrouvant de toute urgence pour préparer une riposte unitaire antifasciste digne de ce nom.