Les résultats du premier tour des élections départementales confirment et approfondissent les rapports de forces électoraux des derniers scrutins. Sur fond de forte abstention, la droite sort victorieuse de ce premier tour, suivi par le Front national qui s’installe durablement et nationalement. Sans surprise, le Parti socialiste est une nouvelle fois sanctionné.
Dimanche soir, à écouter les commentateurs en tout genre et les principaux ténors du PS, Manuel Valls en tête, tout irait bien. L’abstention n’est plus un problème puisqu’elle ne concerne désormais qu’un électeur sur deux ! On se félicite en fumant un cigare que le FN ne soit plus le premier parti (comme cela était le cas aux élections européennes), mais seulement le deuxième, et on utilise la méthode Coué pour démontrer que le PS résiste bien. Bref, tout est fait pour relativiser la rupture entre la majorité de la population et les partis institutionnels, ainsi que la raclée électorale monumentale du PS lors de ce premier tour, et qui va sans nul doute s’amplifier dimanche.
Nouvelle baffe pour le PSValls est un grand communiquant, et même quand son parti est en mauvaise posture, son « talent » lui permet de sauver – un peu – les apparences. Pourtant, les résultats du premier tour de ces élections départementales sont pour le PS très mauvais, n’arrivant qu’en troisième position alors qu’en 2011, il les avait emportées haut la main. Ce dimanche soir, ses candidats ont été éliminés dans plus de 500 cantons dès le 1er tour (sur près de 2 000 en tout), et il risque au soir du second tour de perdre entre 30 et 40 départements.Face à cet échec, les différents ténors du PS, « frondeurs » ou non, ont tous la même explication : c’est la faute à « la division de la gauche », au Front de gauche et aux écologistes. Comme toujours, ils font la politique de l’autruche. Non, quoiqu’on pense des petits calculs des uns et des autres, ce n’est pas « la division de la gauche » qui est responsable de cette nouvelle raclée électorale mais la politique soumise au Medef qu’il mène depuis trois ans. C’est bien cette politique qui consiste à favoriser le Medef, détruit les droits sociaux, amplifie le chômage et la précarité qui a été sanctionnée. Et dans ce désastre pour la « gauche », le Front de gauche résiste, même si dans les « bastions communistes », il continue son recul et perd dès le 1er tour une quarantaine de cantons, ce qui sans aucun doute va ouvrir une nouvelle crise, en particulier au sein du PCF.
Un paysage bleu horizon... qui tourne au bleu marineL’UMP et ses alliés centristes sont en tête dans plus de 40 % des cantons et ont remporté 110 cantons dès le premier tour : ils redeviennent ainsi la principale force d’opposition au PS. Cette victoire électorale de l’UMP est une véritable consécration pour Sarkozy, de nouveau remis sérieusement en selle pour 2017, avec un discours très ancré à droite et reprenant même des pans entiers du discours du FN. Comme quoi, le Buisson cachait la forêt des réacs de tout poil...Si on ne tient pas compte de tous les tripatouillages – d’État ou médiatique –, l’extrême droite arrive bien en seconde position... ce qui permet ainsi à tous de minimiser son inquiétante percée. Pourtant, son résultat, avec la présence de ses 8 000 candidatEs, confirme un ancrage sur tout le territoire, et des perspectives possibles de développement militant dans bien des endroits où elle était jusque-là inexistante. Au soir du premier tour, le FN est en tête dans 343 cantons, obtenant déjà 6 éluEs.
Se mobiliser, regrouperCette situation traduit la désespérance d’une grande partie du monde du travail et le besoin de répondre à la crise sociale et politique. Sinon s’annonce le retour triomphant de Sarkozy imperator, ou pire la montée en puissance de Marine Le Pen... Jusqu’où ?Face à cela, la seule réponse du gouvernement et de la gauche institutionnelle pour battre le FN est le « front républicain », c’est-à-dire de voter UMP quand celle-ci est face au FN. Un piège. Mais face à la possible élection de membres du FN dans les conseils départementaux, il faut battre l’extrême droite dans les urnes quand un candidat de gauche lui est opposé.Au-delà, pour s’opposer réellement au retour de l’UMP comme à la montée de l’extrême droite, il est indispensable de combattre la politique du gouvernement PS-Medef qui leur ouvre la voie. Les salariéEs et leurs organisations doivent retrouver le chemin des mobilisations. La journée de grève et de manifestation du 9 avril sera une étape importante dans le bras de fer avec ce gouvernement, en particulier pour défaire la loi Macron. L’enjeu dans les semaines, les mois qui viennent, est de regrouper une opposition populaire unifiant tous les combats contre l’austérité, le chômage et le racisme. Il y a urgence.
Sandra Demarcq